Un blog de FIV, entre difficultés, doutes et espoirs. Et avec des infos scientifiques sur l'AMP
Blasto ou J2 ? That's the question ! Découvert sur le site de la médecine et biologie de la reproduction (www.mbrinfo.com), un article (datant de 2009) sur les chances de succès d'une FIV avec transfert unique d'un embryon à J2 ou d'un embryon à J5 (nos préoccupations personnelles du moment...).
En résumé et au final, les taux de grossesse cumulés seraient similaires en intégrant les tentatives avec TEC mais le taux de succès initial reste supérieur avec des blastocytes, par contre le transfert d'embryons congelés J2 est plus efficace que le transfert de blasto congelés.
INTRODUCTION
Le transfert d’embryon unique (ou SET, Single Embryo Transfer) est une stratégie développée récemment en fécondation in vitro afin de lutter contre les grossesses multiples et leurs complications. La difficulté principale du SET reste cependant de proposer des taux de grossesse satisfaisants aux couples pris en charge. Pour cela, différents travaux ont étudié les taux de grossesse obtenus en transférant un embryon unique à J2 (eSET, elective Single Embryo Transfer) ou en transférant un blastocyste (SBT, Single Blastocyst Transfer). Les deux seules études publiées à ce jour comparant l’efficacité du transfert d’embryon unique frais à J2 ou à J5 rapportent de meilleurs résultats en culture prolongée, et aucune étude n’a encore comparé les taux cumulés après transfert d’embryon unique frais et congelé.
L’objectif de cette étude est donc de comparer les taux d’accouchement cumulés obtenus grâce au transfert d’embryon unique frais à J2 ou à J5, suivi ou non de transfert d’emrbyon(s) congelé(s) à J2 ou au stade blastocyste.
MATERIEL ET METHODES
Cette étude prospective a été menée durant 4 ans au CHU de Tours. Les 1539 couples consultant pour une première ou deuxième tentative de FIV (ou FIV ICSI) ont été informés de l’intérêt du transfert d’embryon unique. Les 478 couples ayant accepté cette stratégie étaient plus jeunes que ceux ayant refusé, mais présentaient les mêmes caractéristiques cliniques et biologiques. Le choix entre transfert d’embryon unique à J2 ou au stade blastocyste a été fait par le couple après information médicale préalable, indépendamment du nombre d’embryons disponibles in vitro à J2.
Le critère principal évalué était le taux d’accouchement cumulé (transfert frais et congelés). Les critères secondaires étaient le taux d’implantation, la survie embryonnaire après congélation et le taux de grossesses multiples après transfert d’embryon(s) congelé(s).
La culture embryonnaire était réalisée en milieu séquentiel. La congélation embryonnaire n’était proposée que pour les embryons de qualité optimale, à J5 pour les couples ayant choisi le transfert d’embryon unique au stade blastocyste (SBT), à J2 puis éventuellement à J5 pour ceux ayant choisi le transfert d’embryon unique à J2 (eSET). Un ou deux embryons congelés pouvaient être transférés ensuite pour chaque cycle. La stimulation ovarienne, son monitorage, le diagnostic et le suivi de la grossesse étaient réalisés selon le protocole habituel.
RESULTATS
Parmi les 478 couples volontaires, 243 ont choisi le transfert à J2 et 235 le transfert à J5. Les 2 groupes étaient comparables au point de vue clinique et biologique (âge, type et durée d’infertilité, pourcentage d’ICSI…). Seule différait la proportion de première tentative (86% pour le groupe J2, 71% pour le groupe J5).
Le nombre d’ovocytes, le taux de fécondation, le nombre d’embryons et la qualité embryonnaire étaient comparables dans les 2 groupes. Le nombre moyen d’embryons congelés était supérieur dans le groupe J2 (congélation à J2 et/ou à J5) que dans le groupe blastocyste (congélation à J5).
Concernant les transferts frais, les taux d’implantation et d’accouchement par ponction étaient supérieurs dans le groupe blastocyste par rapport au groupe J2 (43.6% et 34% contre 29.6% et 25.1% respectivement). Les taux de fausse couche, grossesse extra-utérine, et grossesse multiple monozygotique étaient comparables dans les deux groupes.
Concernant les transferts d’embryons congelés, la survie embryonnaire était meilleure pour les embryons congelés à J2. Les couples du groupe J5 ont choisi plus largement un transfert d’embryon congelé unique que les couples du groupe J2 (66% contre 52%). Les taux d’implantation et d’accouchement par transfert étaient supérieurs dans le groupe J2, mais de façon non significative. Quelques grossesses multiples, dont des bichoriales, sont survenues dans le groupe J2 où 2 embryons pouvaient être transférés suivant les cas.
Au final, le taux cumulé d’accouchement par cycle était comparable dans les 2 groupes (34.2% dans le groupe J2, 37.9% dans le groupe blastocyste). Cependant, moins de cycles étaient nécessaires en moyenne pour obtenir une grossesse dans le groupe blastocyste (3.49 contre 4.65).
DISCUSSION
La question du meilleur stade embryonnaire pour un transfert d’embryon unique reste à trancher. Malgré l’absence de randomisation, les 2 groupes comparés dans cette étude étaient semblables en termes de caractéristiques cliniques, biologiques, de réponse ovarienne et de développement embryonnaire in vitro, confirmant ainsi l’absence apparente de biais de sélection.
Dans le groupe blastocyste, le taux d’implantation était significativement supérieur au groupe J2. Ceci a déjà été montré chez l’animal, et peut être expliqué par une meilleure sélection in vitro de l’embryon à transférer, ainsi que par une meilleure adéquation entre les besoins nutritionnels du blastocyste et le milieu utérin, d’autant plus que les contractions utérines délétères sur l’implantation diminuent avec le temps après la ponction.
S’il fait disparaître les grossesses gémellaires bichoriales biamniotiques, le transfert d’embryon unique ne supprime pas les grossesses monochoriales dont la fréquence reste beaucoup plus élevée en FIV que dans les conceptions spontanées. Le taux de 2,8% retrouvé ici est comparable à ceux rapportés précédemment dans la littérature.
Concernant les embryons congelés, la meilleure sélection des embryons en culture prolongée ne permet pas d’obtenir de meilleurs résultats (en congélation lente). En effet, les taux d’implantation et de naissance légèrement supérieurs dans le groupe J2 que dans le groupe blastocyste, avec un nombre d’embryons congelés plus élevé dans le groupe J2, est conforme à ce qui a déjà été décrit dans la littérature.
Au final, chez les couples non sélectionnés et lors de leur première ou deuxième tentative de FIV, cette étude montre que le transfert d’un blastocyste donne de meilleures chances de grossesse que le transfert d’un embryon unique à J2. Cependant, en cas d’échec lors de ce transfert, le transfert d’embryon(s) congelé(s) à J2 donne de meilleurs résultats que le transfert de blastocyste(s) congelé(s), aboutissant ainsi à des taux d’accouchement cumulés comparables dans les deux stratégies, même si le nombre moyen de cycles pour obtenir la grossesse était plus élevé dans le groupe J2.
POINTS FORTS
excellente méthodologie
très bon choix du critère principal : taux cumulé d’accouchement
mise en évidence de l’efficacité très moyenne de la congélation lente pour les embryons, notamment les blastocystes
étude menée sur une population non sélectionnée permettant de se faire une idée de la mise en pratique de cette stratégie dans une activité de routine.
conclusion de l’étude claire et originale
POINTS FAIBLES
seule une randomisation pourrait prévenir de façon certaine tout biais de sélection
comment expliquer le rang plus haut de tentative dans le groupe SBT (discours de l’équipe clinico-biologique, ressenti des couples vis-à-vis d’un nombre trop faible ou trop élevé d’embryons lors de la première tentative …) ?
pour les blastocystes, le ratio J5/J6 et les résultats obtenus dans chaque sous-groupe ne sont pas cités.
intérêt du transfert d’embryon unique à J2 comparé à J3 ou à J4 ?
le tabagisme n’est pas décrit dans les 2 groupes étudiés ici
le hatching à J2 aurait pu être discuté afin de tenter de réduire l’écart dans les taux d’implantation avec le groupe blastocyste.
CONCLUSION
Cette étude montre donc que le transfert d’embryon unique permet d’obtenir de bons résultats en FIV, quelle que soit la stratégie choisie. Seule une amélioration des techniques de congélation embryonnaire pourront permettre d’augmenter les taux de grossesse cumulés, notamment pour le transfert de blastocystes.
Single Day 2 embryo versus blastocyst-stage transfer: a prospective study integrating fresh and frozen embryo transfers
F. Guerif1,2,3; M. Lemseffer1,2,3; R. Bidault1,2,3; O. Gasnier1,2,3; M.H. Saussereau1,2,3; V. Cadoret1,2,3; C. Jamet1,2,3 and D. Royere1,2,3,4
1Service de Médecine et Biologie de la Reproduction, CHRU Bretonneau, 2 Boulevard Tonnelle, 37000 Tours, France; 2Université François Rabelais de Tours, CHRU de Tours, France; 3UMR Physiologie de la Reproduction et des Comportements, 37380 Nouzilly, France
Received July 6, 2008. Revision received January 13, 2009. Accepted January 16, 2009.
Abstract
BACKGROUND Whether extended culture allowing selection of embryos with high development potential has any advantage over cleavage-stage embryo transfer remains a matter of debate. Among the currently unsolved questions, the cumulative delivery rate resulting from fresh and frozen embryo transfers needs to be taken into account in both strategies. The aim of our study was, therefore, to compare the efficacy of single embryo transfer either on Day 2 or on Day 5/6 combining fresh and frozen embryo transfers.
METHODS A prospective study including 478 couples assigned on a voluntary basis to undergo elective single embryo transfer (eSET, n = 243) on Day 2 or single blastocyst transfer (SBT, n = 235) on Day 5/6 was performed. The primary outcome measurement was the cumulative delivery rate including fresh and frozen–thawed cycles in both groups.
RESULTS The delivery rate per cycle following fresh embryo transfer was significantly higher in the SBT group compared with the eSET group (P < 0.01). Conversely, frozen embryo and/or blastocyst transfers tended to result in a higher number of deliveries in the eSET compared with the SBT group. Altogether, the cumulative delivery rate per couple, including fresh and frozen embryo transfers, was similar between the two groups (37.9% versus 34.2% in the SBT and eSET groups, respectively).
CONCLUSIONS The observed cumulative delivery rates in this study do not allow us to take a position in favor of SBT or eSET. An improvement in blastocyst cryopreservation may change this attitude.