Un blog de FIV, entre difficultés, doutes et espoirs. Et avec des infos scientifiques sur l'AMP
Petite revue de presse non exhaustive sur le débat parlementaire (avorté, oui elle est facile et nulle...) à propos de la recherche sur l'embryon.
En effet, Sénat et Assemblée examinaient ces derniers jours une proposition de loi autorisant la recherche sur l'embryon. Levée de boucliers au nom de l'éthique (oui mais laquelle ?), protestation contre le fait que la loi était examinée en catimini (ça c'est vrai) et divers avis disant que la recherche sur les cellules souches embryonnaires n'est plus utile au regard des avancées de la recherche sur d'autres types de cellules souches (notamment iPs).
Mais personne, jamais (si dans l'édito ci dessous!) ne parle de la recherche sur l'embryon par rapport à l'infertilité ! Pour mieux comprendre comment ces petits embryons évoluent ou pas, s'accrochent ou pas ? Pourquoi tant de silence ?
Je passe à mon tour sous silence, trop fatiguée pour m'énerver, ces couples interviewés visiblement chanceux mais pas très généreux (pas de don parce que peur de croiser son enfant dans la rue, mouais) et ces phrases qui laissent entendre que "hop tu implantes un embryon, hop il s'accroche et grossesse garantie". Et qu'il y a 5 embryons en moyenne à chaque tentative de FIV, pas toujours malheureusement...
Bref, ça m'agace au plus haut point... et la loi est donc repoussée. Ici, je ne parlerai même pas de la perte de compétitivité de la recherche française liée à cette interdiction. J'aurais envie d'évoquer que les résultats de nos centres AMP ne sont pas super glorieux par rapport aux autres pays... Je préfère ne pas m'appesantir sur le fait que le "Président de la République" a parait-il (mieux à faire que de l'écouter hier soir, merci! ) réaffirmé que la GPA resterait interdite. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes des fertiles...
Mais tous ces gens là qui sont contre la recherche sur l'embryon, contre tout d'ailleurs et la GPA notamment, ont ils un seul jour, crevé de trouille à l'idée que leur petit embryon déjà d'amour ne se développe pas, ne se décongèle pas, ne s'accroche pas ? A li'dée qu'ils n'auraient peut être jamais jamais d'enfant ?
Non certainement pas ! Pourtant personnellement je pense tous les jours à nos eskimaux et je suis pour la recherche sur l'embryon quand ceux ci ne font plus l'objet d'un projet parental (ce qui peut arriver en cas de réussite de la tentative précédente, de séparation etc). Mais on veut nous faire croire que ce sont nous les affreux destructeurs de bébés en puissance ? Si seulement chaque embryon devenait un bébé, on ne serait pas là, toutes et tous, à souffrir et à se battre non ?Alors plutôt que de les détruire véritablement ou de les laisser congelés quelque part sans qu'ils soient utilisés, autant que la souffrance (stim, ponction, angoisse, stress...) qui a servi à les fabriquer soit utile à quelque chose, non ?
L'embryon, le chercheur et la sagesse
Éditorial du "Monde"
A première vue, cela ressemble à une discussion – forcément byzantine – sur le sexe des anges. Jeudi 28 mars, les députés débattent de la proposition, déjà adoptée par les sénateurs, visant à modifier la loi fixant les conditions de la recherche scientifique sur l'embryon et les cellules souches embryonnaires.
Strictement interdites par les premières lois de bioéthique de 1994, de telles recherches avaient été autorisées, du bout des lèvres, lors de la révision de ces lois en 2004, puis en 2011 : le principe de l'interdiction était maintenu, mais assorti de possibles dérogations, accordées par l'Agence de la biomédecine.
Le texte aujourd'hui en discussion inverse ce principe. Il prévoit que les recherches sur l'embryon seront désormais autorisées, mais strictement encadrées, comme l'avait d'ailleurs recommandé le Conseil d'Etat en 2009. Ce changement est réclamé, depuis des années, par bon nombre de scientifiques. Ils souhaitent développer leurs connaissances sur l'embryon, améliorer les techniques d'assistance médicale à la procréation et explorer plus activement les pistes très prometteuses de ces recherches pour soigner les maladies génétiques ou dégénératives, comme la maladie d'Alzheimer.
Une grande partie de la communauté scientifique déplore donc la frilosité de la législation française. Ils s'inquiètent des handicaps qu'elle impose aux laboratoires français par rapport à leurs concurrents étrangers. C'est notamment le cas des Britanniques, qui ont depuis longtemps une législation libérale, et des Américains, qui ont rétabli, en 2009, des règles plus souples en la matière, après une parenthèse très restrictive pendant les mandats de George W. Bush.
A l'inverse, les partisans du statu quo, au premier rang desquels les responsables de l'Eglise catholique, dénoncent le risque d'"instrumentalisation" ou de "réification" de l'embryon. Au nom du principe fondamental de la "dignité de la personne" qui doit être reconnu "à tout être humain" dès sa conception, c'est-à-dire dès le stade embryonnaire.
Au-delà de ces crispations réciproques – les uns déplorant volontiers les lobbies conservateurs et religieux, les autres fustigeant les diktats aveugles des scientifiques et des laboratoires pharmaceutiques –, la proposition de loi en discussion postule, à juste titre, qu'il est possible de marier la raison et la sagesse. Ou, pour le dire autrement, le progrès scientifique et le respect de règles éthiques fondamentales.
A cet égard, les scientifiques restent les mieux placés pour évaluer les marges de souplesse dont ils ont besoin pour faire avancer la recherche. Ils ne sauraient le faire hors du contrôle des autorités morales, politiques et scientifiques (l'Agence de la biomédecine, en l'occurrence). Mais ils ne sauraient en être empêchés, sauf à enfermer la science française dans une impasse.
La recherche sur l'embryon ne changera pas de régime... pour le moment
Dans la nuit du jeudi 28 au vendredi 29, la proposition de loi autorisant la recherche sur l'embryon et les cellules souches embryonnaires, "n'a pas pu aller à son terme, ce qui a suscité la fureur des députés radicaux qui ont quitté l'hémicycle". Cette proposition de loi avait été déposée par le groupe radical de gauche dans le cadre d'une 'niche parlementaire', c'est-à-dire "une journée réservée à un groupe parlementaire d'opposition ou minoritaire pour étudier ses textes".
Dernièrement, plusieurs députés ont protesté contre un examen en "catimini". (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 21 mars 2013). Pour Philippe Gosselin, député UMP, "si c'est un engagement de François Hollande, que le gouvernement porte le texte !".
Ainsi, l'examen de ce texte est repoussé de plusieurs semaines car il est envisagé que "le texte soit repris par un autre groupe parlementaire, par le gouvernement, ou mis à l'ordre du jour de l'Assemblée lorsqu'elle en a la maîtrise".
Si les députés de l'opposition étaient déterminés à ne pas laisser passer cette réforme importante de la loi de bioéthique, plusieurs milliers de citoyens le sont également. Via la campagne "Vous trouvez-ça normal?", la Fondation Jérôme Lejeune a rassemblé plus de 52 000 signataires sur sa pétition.
Dans un article, le quotidien Le Monde publie des témoignages de parents sur le "devenir de leurs embryons congelés". Les parents de ces embryon se retrouvent parfois démunis lorsqu'ils ne souhaitent plus procréer, ils doivent préciser ce qu'ils souhaitent faire de leurs embryons dits "surnuméraires". Au cours d'une FIV, plusieurs embryons sont créés, cinq en moyenne, mais seuls "un ou deux sont implantés dans l'utérus de la future mère, pour limiter les risques de grossesse multiple", les autres sont congelés. Au 31 décembre 2010 "171 417 embryons humains étaient conservés dans les cuves d'azote liquide des Centres d'étude et de conservation des oeufs et du sperme [Cecos]", autrement dit, congelés. Parmi eux, 64% font toujours l'objet d'un projet parental. Mais lorsque le couple se sépare ou ne souhaite plus procréer, la loi prévoit qu'ils peuvent décider de ne plus les conserver, de les donner à un autre couple ou à la recherche. Mais la réponse à cette question n'est pas facile, et "tous les ans, les couples sont intérrogés par les Cecos". Témoignant à ce sujet, Karen Dupuis, 37 ans, explique: "chaque année, cette lettre est un sujet de dispute entre mon mari et moi". En outre, ils expliquent que "l'idée de donner les embryons à la recherche leur fait peur". A ce propos, Mme Fleury précise: "on ne nous a pas parlé de projet précis, c'était inquiétant, on avait en tête des histoires d'apprentis-sorciers". Frédérique, 45 ans explique quant à elle: "c'était très difficile à envisager pour moi. J'imaginais qu'on allait les découper, les disséquer. Ce ne sont pas des objets". Par ailleurs, c'est aussi "la crainte d'avoir un enfant 'dans la nature' [qui] apparaît chez ceux qui refusent le don". Ainsi, Mme Dupuis précise: "Je travaille dans un endroit très fréquenté, j'aurais toujours peur de le voir devant moi. Je me serais aussi toujours demandée s'ils ont été bien accueillis".
Pour Yolaine, 39 ans et son mari, la solution trouvée pour leur unique embryon surnuméraire a été "de faire un troisième enfant". Elle précise: "Aucun choix ne nous convenait, je ne voulais pas l'abandonner, c'était comme avoir un enfant en suspens".
Sources : Lci.tf1.fr (Alexandra Guillet) 29/03/2013 - Le Monde 29/03/2013 - AFP 29/03/2013 - Le Monde (Gaëlle Dupont) 28/03/2013
"Le scandale des embryons de laboratoire"
Revue de presse Genethique / La Croix (Mouais en même temps, c 'est la Croix quoi...)
Le jour même de l'examen par l'Assemblée nationale de la proposition de loi autorisant la recherche sur les cellules souches embryonnaires humaines, Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Lejeune, publie une tribune dans le quotidien La Croix, retranscrite ci-dessous*.
Contrairement à ce que l’on pense, la première réforme de société à être votée par la gauche - et la plus grave - ne sera pas celle du mariage homosexuel. Dans l’ordre chronologique et d’importance, la première réforme consistera à remplacer le principe de l’interdiction de la recherche sur l’embryon (assorti de dérogations) par celui de l’autorisation. La proposition de loi est inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale, le 28 mars, après avoir été votée au Sénat le 4 décembre.
Il est un moment mystérieux où chaque être vivant, sans changer de nature, se développe et grandit entièrement dans la dépendance d’un autre. De même qu’il ne viendrait à l’idée de personne de contester qu’un embryon de souris est un être murin, aucun scientifique dans le monde ne conteste qu’un embryon d’homme est un être humain. C’est dans cette phase d’énergie vitale et de grande vulnérabilité que le législateur a choisi de l’instrumentaliser. Soyons précis : nous parlons d’embryons vivants qui seront supprimés dans le cadre de projets utilitaristes. A cette fin, certains êtres humains figurent sur une liste éloquemment intitulée "embryons surnuméraires dépourvus de projet parental". S’ils étaient réimplantés dans l’utérus, ils y poursuivraient leur vie suspendue par la cryoconservation.
Mais la fin ne justifie pas les moyens et supprimer un humain pour prétendre en soigner un autre est une curieuse méthode. Posons quand même la question qui semblait ouvrir de si vastes perspectives au point que la loi de bioéthique de 2004 avait déjà autorisé, dans certains cas, des dérogations à l’interdit de la recherche sur l’embryon. Rien n’indique que les progrès annoncés il y a dix ans comme imminents soient au rendez-vous. Au contraire, les avancées médicales se font aujourd’hui grâce aux cellules souches adultes et de sang de cordon et se feront demain grâce aux cellules reprogrammées découvertes par le Pr. Yamanaka, Nobel de médecine 2012. En toute logique, la recherche sur l’embryon humain devrait donc être interdite.
On le voit, la question relève moins de la science que de l’éthique : notre époque est la première à vouloir mettre la main sur l’humain à ce stade de développement.
Le plus grave consiste à présenter comme indifférent le passage d’une interdiction avec dérogations à une autorisation de principe. Car il ne s’agit pas d’une différence de degré mais de nature. En effet, ce qui était dérogatoire – la destruction de l’embryon - va devenir la règle. Et ce qui était la règle – le respect de l’embryon – va devenir l’exception. C’est la première fois, en droit français, que la mort est érigée au rang de principe (même la loi sur l’avortement n’est qu’une exception au principe du respect de la vie). Pérenniser la violence contre la vie - et marginaliser ceux qui s’y opposent – marque un déplacement du point d’équilibre de la démocratie. Le droit n’a pas tous les droits. Il ne suffit pas de changer la règle pour être en règle. Et une loi injuste n’est pas une loi.
L’absence de mobilisation des autorités morales pour défendre l’embryon humain est un vertigineux motif d’inquiétude au regard des causes et des conséquences de cette évolution. Car - les travaux parlementaires en apportent la preuve - c’est l’intérêt financier des industriels du secteur qui fait la loi. Les cellules souches non-embryonnaires ont un coût et l’embryon n’en a plus. Jamais les formules superbes de François Mitterrand sur la "force injuste de la loi" et sur le "coup d’état permanent" n’auront été plus justifiées qu’aujourd’hui.
Enfin, il faut être aveugle pour ne pas voir que la liberté de faire, défaire et refaire l’embryon humain - à façon – a créé un droit à l’enfant pour les hétérosexuels qu’il est maintenant difficile de refuser aux homosexuels revendiquant le mariage. La disponibilité de l’embryon pour la paillasse est une des facettes les plus odieuses de cet ultra-libéralisme libertaire. Parce que "Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes" (Bossuet), il est urgent de crier notre révolte face au scandale des embryons humains sacrifiés au profit des laboratoires.
* Tribune La Croix - 28 mars 2013
Sources :
Lire l'article sur le site internet Genethique.org
Recherche sur l'embryon: 10 raisons de dire non
Le 28 mars les députés vont débattre de la proposition de loi levant l’interdiction de la recherche sur l’embryon humain. Or ce texte porte une révolution juridique et éthique sans fondement scientifique. Les citoyens ayant été privés d’un débat sur la question, voici les dix principales raisons de s’y opposer.
Sur le plan scientifique
La thérapie cellulaire est déjà une réalité grâce à certaines cellules souches non embryonnaires : les cellules souches adultes et celles du sang de cordon.
Les cellules souches reprogrammées (IPS) du Pr. Yamanaka (prix Nobel de Médecine 2012), offrent des perspectives plus prometteuses en matière de thérapie cellulaire que les cellules embryonnaires. La rapidité du lancement du premier essai clinique sur la DMLA, et les investissements massifs qui se portent – à l’étranger – sur les iPS marquent l’importance du potentiel de cette recherche. S’agissant de la modélisation des pathologies et du criblage de molécules, les iPS peuvent déjà être utilisées comme alternative à l’embryon.
Le principe d’interdiction de la recherche sur l’embryon humain ne limite pas les travaux sur l’embryogénèse qui se développent grâce à la recherche sur l’embryon animal.
L’argument diminuant l’importance des iPS (qui conserveraient 1 mémoire de leur tissu d’origine) ne tient plus scientifiquement : le problème des altérations épigénétiques est résolu.
Sur le plan juridique:
La protection de l'embryon humain est garantie par l'article 16 du code civil, la constitution, et le droit européen.
Passer d'un régime d'interdiction de principe à un régime d'autorisation de principe constitue un changement de paradigme inédit au terme duquel le principe fondateur de la protection de l'être humain deviendra une exception à la règle nouvelle de sa non-protection.
Avant d'envisager d'autoriser la recherche sur l'embryon, enjeu majeur qui concerne autant les citoyens que les experts, les responsables politiques doivent organiser des Etats Généraux, rendus obligatoires depuis la révision de la loi bioéthique de 2011.
Sur le plan éthique et politique:
L'embryon est un membre de l'espèce humaine, ce n'est pas une conviction ni une opinion mais un constat scientifique. Or le respect de tout être humain, particulièrement les plus fragiles, est constitutif du pacte républicain et au fondement de notre civilisation. Autoriser la recherche sur l'embryon nous fait quitter le pacte républicain et abandonner nos valeurs fondatrices.
Les responsables politiques sont garants de l'intérêt général. L'enjeu de la recherche sur l'embryon ne relève pas de l’intérêt général mais de l’intérêt particulier - et financier - de l’industrie pharmaceutique qui considère l’embryon humain comme un moyen simple et peu onéreux de modéliser des pathologies, et cribler des molécules alors que les cellules iPS peuvent rendre ce service.
Avant d'engager une telle révolution juridique et éthique la moindre des choses est d’exiger de l'Agence de la biomédecine qu'elle honore son obligation légale de présenter au Parlement un bilan comparatif de la recherche sur les cellules souches. Les responsables politiques doivent se réapproprier leur responsabilité en matière d'enjeux bioéthiques que l'Agence de la biomédecine a captés depuis sa création (2004). Et ce alors même que dans ce domaine de la recherche sur l'embryon l'ABM est juge et partie. puis sa création (2004). Et ce alors même que dans ce domaine de la recherche sur l'embryon l'ABM est juge et partie (1).
INFO EXPRESS:
A 01h00 du matin le 29 mars 2013, et grâce à la ténacité courageuse de quelques députés, l’Assemblée nationale n'a pas voté l’article unique de la proposition de loi visant à autoriser la recherche sur l’embryon et les cellules souches embryonnaires humaines. La course folle contre la montre a finalement donné raison à l'embryon! L'ambiance tendue de l'hémicycle, faisant fuir les radicaux de gauche, furieux de la tournure du débat, a laissé le gouvernement désarmé faire obstruction aux quelques députés de l'opposition. Le principe d’interdiction de la recherche sur l’embryon, et avec lui la protection de l’être humain reste pour l’instant la règle!
(1) Depuis 2004, l’ABM a délivré 173 autorisations relatives à la recherche sur l’embryon, pour seulement 9 refus. 71 concernent des protocoles de recherche, 24 la conservation de cellules souches embryonnaires et 46 l’importation de lignées de cellules souches embryonnaires.