Un blog de FIV, entre difficultés, doutes et espoirs. Et avec des infos scientifiques sur l'AMP
Peu de posts "perso" ces derniers temps. Pas envie, pas le temps, pas le courage. Que dire ? Rien et pourtant tant de choses...Des choses qui avancent, des choses qui restent identiques... L'espoir qui va qui vient, la douleur qui s'enracine, l'avenir qui semble toujours incertain...
La PMA ici ?
Notre dossier pour la 4e FIV serait a priori accepté au CHU de la ville, pour espérer une dernière FIV-ICSI que l'on pourrait espérer faire d'ici le printemps. Reste à attendre le rdv final du marathon des rdv et analyses pour avoir confirmation de cette "bonne" nouvelle, le fameux rdv est pris pour tout début janvier (pas possible avant, bien sûr, la patience est mère de toutes les vertus surtout en PMA...)
La PMA ailleurs ?
Ca s'accélère du côté de Barcelone, pas eu le temps de raconter le premier rdv chez nos amis en I qui s'est déroulé fin octobre, mais IAD1 est en cours de finalisation de préparation, potentiellement donc sur le cycle de décembre ou de janvier.
La PMA si loin ?
Parfois tout ceci me semble devenu très abstrait. Bien sûr, il y a toujours (depuis plus d'un an) mes petits comprimés du matin et du soir pour l'endomètre, bien sûr il y a eu ce rdv à Barcelone, son test de transfert et autres questions et manipulations bien connues, bien sûr il y a eu toutes les analyses (mon bras s'en souvient), bien sûr il y a la perspective des piqures qui vont reprendre très bientôt. Mais tout cela m'est devenu un peu irréel... Je suis une PMette, c'est comme si cela avait toujours été ainsi, l'impression de ne jamais avoir été cette femme insouciante qui n'avait pas encore envie d'enfant, l'impression que je ne serai jamais autre chose. Tout cela est devenu en quelque sorte très inscrit dans ma vie, mais comme occulté par le quotidien. J'alterne entre un sentiment de routine (engluement ?) aveugle dans ce quotidien et l'effroi à l'idée que, dans cette jolie maison qu'on est en train d'acheter, il n'y aura peut être jamais mon enfant qui s'amusera et galopera dans le jardin et qui dormira dans cette jolie petite chambre avec le hublot pour que je le surveille du coin de l'oeil de mon bureau...
La PMA si près, si présente, si omniprésente qui vous rattrape par le coin du coeur alors que vous êtes censée être sur tout à fait autre chose. A deux reprises, récemment, lors de soirées boulot, et pan, la revoilà qui te tord le coeur et te replonge dans tes soucis et ton horizon incertain (bouché)
Début novembre, un colloque dans une grande ville du sud de la France. Une consoeur turque sympa avec qui j'échange quelques mots dans la journée. On se retrouve assise en face l'une de l'autre pour le dîner. Blabla divers. On parle de déplacements professionnels, de gérer le boulot à distance. Et là voilà qui annonce qu'elle va bientôt sans doute moins pouvoir se déplacer. Ton radar qui s'allume, vu l'âge, serait elle enceinte ? Ouiiin Ouiiiin. Bingo, là voilà qui te sort qu'elle veut un bébé. Toi tu te dis 'par où s'échapper?" Merde, tu es sur un bateau. Pas possible de t'échapper.
Mais elle continue et t'explique que c'est compliqué, que c'est médical. Et toi, redevenue bienveillante, tu demandes "IVF?" Bingo again. Une maladie génétique de son côté et de l'endométriose je crois. Nous voilà donc parties à discuter de tout ça, moi lui disant que c'est dur mais qu'il faut garder espoir et que les stim se passent la plupart du temps bien. Et qu'elle est jeune et qu'elle a toutes les chances que ça marche. L'impression d'être cette vieille routarde de la PMA qui donne conseil et encouragements à une novice. L'impression que j'étais dans son cas à ne pas savoir dans quoi et vers quoi je m'engageais, il n'y a pas si longtemps, il y a purtant déjà 3 ans, 3 ans d'enfer... Bref... Discussions sur les systèmes de soin là bas en Turquie et ici en France. Où j'apprends que les cliniques turques sont très en pointe la dessus et voudraient essayer de développer ce "tourisme procréatif" à l'instar de l'Espagne ou de la RT. Avec des tarifs imbattables parait il et des résultats impressionnants. Si cela en intéresse certaines... Bref, on échange les cartes et on promet de se tenir au courant. Elle est censée commencer ses FIV en décembre. Je n'ai pas eu le temps ni le courage de prendre des nouvelles. Mais parfois la PMA rapproche, même furtivement...
Mais parfois, la plupart du temps, la PMA éloigne.
Un autre déplacement, un autre dîner. 6 à table. Tu discutes gentiment art contemporain avec ton voisin d'en face et tu entends dans ton oreille de droite "oh des jumeaux!", "oh ils ont 8 mois", "oh ça doit être dur"... Jumeaux = Pmette à ma droite ? Naaaan. Elle en a 4, avec 2 ou 3 pères différents je crois, et 1.5 paquets de cigarette dans le nez par semaine. Genre là, la nana est passée à la cigarette électronique et à 16 g de nicotine par jour et est très fière d'avoir autant baissé sa dose. Genre elle a même pas arrêtée pendant sa grossesse ou depuis. Genre pas la même justice pour tous quoi. Voilà donc la discussion qui part sur les gosses, les familles recomposées (le voisin qui parlait d'art contemporain qui se met aussi à parler de sa dure mais finalement réussie expérience alors que lui et sa femme se sont rencontrés avec chacun un gosse: ouais, tu veux pas essayer quand l'un n'a pas de gosse et en chie pour en avoir un en PMA plutôt comme expérience difficile coco ??), les gosses et encore les gosses, les "cafés papotes" à la crêche, et j'en passe.
Toi dans ton coin, discrètement, tu dis plus rien, tu tournes ton verre d'un air pensif, tu t'éclipses demander à ton amoureux de te promettre qu'on va y arriver et qu'un jour tu n'auras plus aussi mal lors de ces discussions. Tu reviens, pensant avoir évité le pire mais la question tombe: "et toi, tu as des enfants???" "NON" il faut croire que mon "non" ferme n'incite pas à poser d'autres questions sur le sujet. J'ai cru percevoir un regard presque compatissant de l'une en face mais non, elle aussi elle a une gosse, elle devait juste s'étonner de mon silence.
Pourquoi je n'ai pas le courage, la force de leur répondre, par exemple: "des enfants ? non, j'en ai fait 10 en 2 ans, mais ils sont tous morts très vite, juste au stade embryon, qui dit mieux ?" ou alors "non et toi tu as des poissons rouges?" ou alors "1 couple sur 6 a des difficultés à procréer aujourd'hui, on est 6 à table, vous avez tous apparement des gosses, faites vos jeux". Certes je ne suis pas du style à raconter ma vie à des inconnus, certes je me fous de leurs vies et ils se foutent de mes problèmes, c'est normal. Mais j'aurais juste envie de leur dire "putain arrêtez de vous plaindre avec vos pb de gosses, si vous saviez comme certains aimeraient être à votre place".
Aurais je un jour le recul et la sérénité suffisantes pour le dire sans agressivité et sans paraître pour la frustrée aigrie qui n'en a pas ou l'égoiste (qui joue à paraitre) qui n'en a pas parce qu'elle doit ne pas en vouloir ? Pourrais je un jour dire "oui j'en ai un (ou deux) et je l'ai tellement attendu et je me suis tellement battue pour en avoir un que c'est juste un bonheur de vivre ça au quotidien ?" Est ce qu'un jour je vais pouvoir dire ça ???