Un blog de FIV, entre difficultés, doutes et espoirs. Et avec des infos scientifiques sur l'AMP
Le débat continue. Mais une chose me choque toujours autant, peut-être parce que cela me concerne: pourquoi une telle crispation autour de la gestation pour autrui ? Comment parler d'égalité alors qu'on refuse de donner une solution aux femmes qui ne peuvent pas assurer une grossesse (pour raisons médicales bien sûr). Alors que l'ICSI et le don (ovocytes ou sperme) permettent de pallier aux autres problèmes d'ordre biologique. N'est ce pas injuste ? Et pourquoi est ce seulement quand on aborde la question du mariage pour tous et de la PMA pour les homos que cette question se pose ? Les femmes qui n'ont pas ou plus d'utérus ou un utérus malformé ne permettant pas de mener une grossesse à terme sont elles moins importantes ? Egalité, tu repasseras...
En attendant ce soir, je m'en vais regarder le film/documentaire sur l'histoire (vraie) d'un couple qui a eu recours à la GPA avec tous les ennuis associés... Aurait on diffusé sur une "grande" chaîne un tel film sans le débat lié aux mariage gay ??
L'ouverture de la PMA aux couples de femmes homosexuelles mariées pose de véritables questions éthiques
Au coeur du débat sur le mariage homosexuel, la question de l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes homosexuelles mariées fait polémique. Au-delà des clivages politiques, il s'avère que la question "heurte de plus en plus profondément une grande majorité des français" et certains expriment des réserves d'ordre éthique.
Actuellement, la PMA est réservée aux couples hétérosexuels et a pour finalité de "remédier à l'infertilité dont le caractère pathologique a été médicalement diagnostiqué ou à éviter la transmission, à l'enfant ou à un membre du couple, d'une maladie d'une particulière gravité". Pour le docteur Chadi Yazbeck, gynécologue-obstétricien et responsable clinique du centre d'assistance médicale à la procréation de l'hôpital Bichat (Paris), en ouvrant la PMA aux couples de femmes, "on passerait d'une médecine de soins à une pratique satisfaisant des demandes personnelles ou de convenances", considérant dès lors comme souhaitable que "les médecins puissent faire valoir une clause de conscience pour refuser des actes contraires à leur éthique, comme cela existe déjà pour l'interruption volontaire de grossesse (IVG)". En outre, Dominique Deschamp-Mini, avocate, spécialiste en droit de la santé, précise que "des femmes en couples hétérosexuels pourraient aussi prétendre à bénéficier, la quarantaine passée, du don d'ovocyte d'une femme plus jeune, afin d'augmenter les chances de survenue d'une grossesse".
Par ailleurs, la question de l'accès à la PMA pour les couples de femmes mariées fait émerger d'autres problématiques comme celle de l'anonymat du don de gamètes. L'autoriser pourrait avoir pour conséquence "un nombre toujours plus grand d'enfants [privés] de la connaissance d'une partie de leur origine biologique".
Dominique Foyer, professeur de théologie morale à l'Université catholique de Lille, admet que "la souffrance de ne pas avoir d'enfant est réelle" et qu' "il ne faut pas la minimiser". Cependant, ajoute-t-elle, "elle ne donne pas de droits particuliers, et surtout pas le droit de disposer de l'existence d'un enfant dès avant sa naissance". Ainsi, le journaliste précise que c'est à ce niveau que "réside sans aucun doute l'objection éthique la plus forte" à savoir: "priver d'emblée un enfant d'une partie de sa filiation. Car les premiers concernés par ces enjeux seront les enfants, conçus au sein d'un couple de femmes avec le sperme d'un donneur anonyme".
Geneviève Delaisi de Parseval, psychanalyste et accompagnatrice de couples hétérosexuels et homosexuels, favorable à une levée de "l'anonymat des tiers procréateurs", précise: "que les parents soient hétéros ou homos, ne change gère la donne", sauf, précise-t-elle cependant, "à l' exception peut-être d'un passage délicat à l'adolescence pour les enfants de parents homosexuels". Par ailleurs, elle ajoute que "de la complexe gestion psychologique par la famille de la bombe à retardement que peut constituer un secret de famille et/ou la filiation, [dépend] la vie psychique de l'enfant".
Pour l'association française Procréation médicalement anonyme, qui regroupe des enfants de couples hétérosexuels issus d'un don de gamète, il faut ici faire prévaloir le principe de précaution. Audrey Gauvin, présidente de l'association précise: "envisager l'accès à l'assistance médicale à la procréation pour de nouveaux couples, de nouvelles formes de parentalité, nous paraît insencé à ce stade: tirons au préalable les leçons du passé".
Enfin, ouvrir la PMA aux couples de femmes "risque d'ouvrir la porte à la légalisation de la grossesse pour autrui (GPA)", aujourd'hui interdite en France. En effet, l'article 16-7 du Code civil précise: "Toute convention portant sur la procréation ou la gestation pour le compte d'autrui est nulle". Or, "à partir du moment où l'on ouvre la PMA aux couples de femmes, les couples d'hommes mariés vont réclammer la légalisation de la GPA, faisant valoir l'argument d'égalité" explique l'avocate Dominique Deschamps-Mini. En tant que médecin, le docteur Chadi Yazbeck s'alarme également: "le principe des mères porteuses est unhumain [...]. Les études mettent en lumière les interactions précoces entre la mère et le foetus: le lien mère-enfant ne doit pas être rompu à la naissance". De plus, précise-t-il "c'est la porte ouverte à la marchandisation du corps des femmes, qui plus est souvent en grande detresse".
La semaine dernière, le Premier ministre a annoncé que l'amendement sur l'ouverture de l'assistance médicale à la procréation aux couples de femmes mariées "pourrait finalement être 'renvoyée' dans un projet de loi sur la famille" qui pourrait être présenté en mars prochain en Conseil des ministres.
Sources : Pèlerin (Timothée Duboc) 10/01/13 - Libération (Geneviève Delaisi de Parceval) 09/01/13 - Le Figaro (Agnès Leclair) 09/01/13 - Libération 08/01/13
Le Figaro publie une tribune du philosophe Jean-François Mattéi, dans lequel celui-ci soulève trois principaux paradoxes dans le projet de loi sur le mariage homosexuel.
Premier paradoxe du projet de loi, celui "de l'imitation". A ce titre, Jean-François Mattéi explique que "ce prétendu droit au mariage et ce supposé droit à l'enfant, créances tirées sur une société qui n'en retire aucun bénéfice, proviennent de ce que René Girard a qualifié de 'crise mimétique'. Le désir triangulaire met cette fois en scène le couple homosexuel, le couple hétérosexuel et l'enfant désiré". Mais, précise le philosophe, "comme [l'enfant] ne peut être conçu que par l'union d'hétérosexuels dont la différence est féconde, les homosexuels dont l'identité est stérile compenseront leur impuissance en imitant les précédents". Ainsi, "les moyens détournés pour élever des enfants feront appel à la procréation médicalement assistée (PMA), à la gestation pour autrui (GPA) qui nécessite l'usage du sperme d'un donneur et la location du ventre d'une mère porteuse, où à l'adoption d'un enfant déjà né d'un homme et d'une femme". "Dans tous les cas [poursuit-il], le modèle homosexuel restera sous la dépendance du modèle hétérosexuel".
Deuxième paradoxe du projet de loi, celui de la "parenté". Ici, Jean-François Mattéi explique qu' "avec cette nouvelle norme maritale, imposée par des minorités, la famille homoparentale sera privée d'aspect procréatif". En effet précise-t-il, "les adultes homosexuels seront à tort nommés 'parents', le terme parens étant issu du verbe pario, 'accoucher, enfanter', alors qu'ils ne peuvent engendrer sans l'intervention sexuée, et non gendrée, d'un tiers homme ou femme, ce qui fait trois personnes, ou d'un autre couple dont la femme portera l'enfant, ce qui fait maintenant quatre personnes". Ainsi, "la neutralisation des différences sexuelles entraînera la neutralisation de tous les status généalogiques et la privation de tous les repères de la filiation: la parentalité l'emportera sur la parenté".
Troisième paradoxe du projet de loi, celui de "l'enfant". Par ce dernier élément, Jean-François Mattéi explique qu'il est très peu fait attention à "l'intérêt supérieur de l'enfant", [...] "tant le désir de l'adulte est devenu despotique, il ne concerne plus qu'un produit médicalement et socialement déterminé".
Par conséquent, termine-t-il, "avec la dissociation de la sexualité et de la procréation, nous entrons dans un monde de stérilité dans lequel l'enfant, devenu une denrée rare, sera pris dans le cycle économique de la marchandise. Le malheur se déclinera demain sous des formes juridiques plus subtiles qu'auparavant. Mais il concernera toujours l'être humain conçu comme un moyen, et non comme une fin, c'est-à-dire selon les cas, comme un objet bien ou mal nommé".
Sources : Le Figaro (Jean-François Mattéi) 10/01/13
Ce mercredi 9 janvier, "les députés socialistes ont décidé [...] de ne pas déposer d'amendement sur la PMA (procréation médicalement assistée) dans le cadre de l'examen du projet de loi sur le 'mariage pour tous' ", le 29 janvier prochain. Cependant, comme le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, l'avait laissé entendre début janvier, "un article sur la PMA sera introduit par le gouvernement dans le projet de loi sur la famille qui sera présenté en mars prochain". Par conséquent, "la PMA pourrait concerner non seulement les couples de femmes homosexuelles, mais aussi les femmes célibataires".
Mais une question a émergé, celle de savoir si "les projets du gouvernement ouvrant de nouveaux droits aux homosexuels [...] [notamment concernant la PMA] pourraient-être censurés par le Conseil constitutionnel?". Alors que la PMA est aujourd'hui uniquement autorisée pour les couples hétérosexuels connaissant des problèmes de fertilité, ou qui présentent un risque de transmission d'une maladie grave à un enfant, l'ouvrir aux couples de femmes supprimera la condition médicale, "créant ainsi une forme 'd'injustice' avancent certains, puisque les femmes hétérosexuelles n'y ont accès que dans un but thérapeutique alors que les lesbiennes pourront y avoir recours comme elles le souhaitent". L'article poursuit: "une femme hétérosexuelle pourrait ainsi vouloir 'avoir un bébé quand elle veut comme elle veut' et se voir refuser la PMA à laquelle une homosexuelle aura, elle, droit". Ainsi, plusieurs juristes expliquent que "le principe d'égalité devant la loi serait alors méconnu [...] quand d'autres rappellent qu'un autre principe du droit est que 'des situations différentes peuvent être traitées de façon différentes' ".
Mais la question de la PMA appelle une autre question, celle de la gestation pour autrui (GPA). En effet, si "le gouvernement est claire sur ce point: la gestation pour autrui restera interdite en France", les tenants du parallélisme des droits considèrent quant à eux que "le fait d'ouvrir la PMA aux homosexuelles doit automatiquement permettre la GPA pour les gays, sauf à créer une situation d'inégalité", qui serait "donc inconstitutionnelle".
De ces problématiques, il semble ressortir que la question du mariage homosexuel est "un sujet finalement plus éthique et philosophique que strictement juridique: légaliser la PMA pour les homosexuelles revient à sortir d'une logique biologique de la reproduction pour entrer dans l'ère de la procréation artificielle".
Sources : Le Point.fr 09/01/13 - tempsreel.nouvelobs.com (Baptiste Legrand) 09/01/13 - Le Quotidien du Médecin.fr 09/01/13 - Le Figaro (Marie-Amélie Lombard) 10/01/13 - Libération (Laure Bretton - Catherine Mallaval) 10/01/13