Un blog de FIV, entre difficultés, doutes et espoirs. Et avec des infos scientifiques sur l'AMP
Une étude sur le risque de cancer chez les enfants nés par PMA. Quid de ces risques là chez les femmes subissant des protocoles PMA ? A l'heure actuelle, aucun risque supérieur n'est clairement démontré mais ces traitements lourds et souvent répétés (malheureusement) laissent des traces...
Pas de « sur risque » global de cancer chez les enfants nés par PMA
À l’heure actuelle, on compte plus de 5 millions de personnes nées par procréation médicalement assistée (PMA) dans le monde. La découverte d’altérations épigénétiques dans les embryons humains, le sang du cordon et le placenta après PMA a fait craindre une éventuelle augmentation du risque de cancer dans cette population. On sait en effet que les mécanismes épigénétiques jouent un rôle important dans la carcinogenèse à la fois de façon indépendante et via des troubles de l’empreinte génomique. Ce risque potentiel de cancer a fait l’objet d’une grande étude de population britannique menée sur 106 013 enfants nés par PMA entre janvier 1992 et décembre 2008.
Au cours du suivi, qui a duré en moyenne 6,6 ans, 108 cas de cancer ont été identifiés dans la cohorte contre 109,7 cas attendus (ratio standardisé d'incidence – RSI – 0,98). Comparés aux enfants conçus naturellement, ceux nés après PMA ne présentent pas de risque accru pour la plupart des cancers : leucémie, neuroblastome, rétinoblastome, tumeurs du système nerveux central, cancer rénal et tumeurs à cellules germinales (RSI de 0,56 à 0,98 selon le type de cancer). Une association entre la PMA et le risque de cancer a été retrouvée uniquement pour l’hépatoblastome (RSI 3,64 ; p = 0,02) et le rabdomyosarcome (RSI 2,62 ; p = 0,02).
Le risque accru d’hépatoblastome est lié au petit poids de naissance : le RSI est de 10,29 pour les enfants nés avec moins de 2 500 g et atteint 56,95 dans le groupe des moins de 1 000 g. Ce facteur n’a pas d’impact sur le risque de rhabdomyosarcome. Les auteurs précisent que le « sur risque » absolu pour ces deux types de cancers rares est faible (6,21 cas pour 1 million de personnes-année pour l’hépatoblastome et 8,82 pour le rhabdomyosarcome). Un résultat qui doit être interprété avec prudence, estiment-ils, en soulignant que l’association observée avec la PMA ne prouve pas le lien de causalité. Aucun des 16 enfants atteints n’avait de troubles de l’empreinte génomique ou de pathologie liée à ces troubles.
Les résultats de cette large étude de cohorte sont donc rassurants : il n’y a pas d’augmentation du risque global de cancer chez les enfants de moins de 15 ans nés par PMA.
Revue de presse JIM / Dr Laure Labaune
Williams CL et coll. : Cancer Risk among Children Born after Assisted Conception. N Engl J Med. 2013 ;369:1819-27.