Un blog de FIV, entre difficultés, doutes et espoirs. Et avec des infos scientifiques sur l'AMP
Ces jours impossibles. Où chaque heure est si longue. Où chaque petit rien compte tant. Où chaque ressenti pèse des tonnes, dans le bon ou mauvais sens. Où l'on ne parvient à penser à rien d'autre (ou presque). Où l'on tente de décrypter les moindres petits signaux envoyés (ou pas) par notre corps. Plein ou vide ? Sont ils encore là ou n'y a t-il plus rien ? Est ce que quelque chose / un petit bout de nous vit en moi ? Comment le savoir ? Je n'ai jamais été enceinte, je n'ai pas de référence, de petits signaux codés à deviner. JE NE SAIS PAS... Je veux y croire de toutes mes forces, pour connaître enfin ce début de bonheur d'un taux positif et ce grand bonheur immense ensuite, pour ne pas avoir fait tout ça pour rien, pour ne pas m'effondrer comme une loque, incapable d'une accroche malgré 2 beaux et vaillants blastocytes et tout ce qu'on a tenté de faire pour optimiser à côté (acupuncture, ostéopathie, hypnothérapie, pas de voiture ni de sport, du calme, travail un peu mais pas trop...).
Ces jours où on se demande si les caresses de Mr A sur mon ventre seront un jour, bientôt, pleines de bonheur prochain et sans cette pointe d'interrogation amère en se disant qu'il n'y a peut-être plus rien, où l'on se demande si on y a "droit" à ces caresses si symboliques. Ces jours où on en arrive à ne plus savoir si on a mal au ventre ou pas tellement la boule d'angoisse prend toute la place. Ces jours où on ressent encore l'ovaire gauche qui tire (comme un point de côté un peu) et l'utérus qui pousse: quel bordel ça doit être là dedans !. Ces jours où on se demande si on tente un test urinaire ou pas, si on fait la prise de sang un jour avant ou pas mais si cela doit être pour se prendre un coup sur la gueule, ne vaut il pas mieux se laisser encore savourer cet espoir en demi-teinte ? Ces jours où on fait des calculs très savants et idiots pour savoir si quand on pourra considérer qu'on a du retard et quels sont les jours critiques avec la pause pipi de l'angoisse (ça c'est tous les jours, l'angoisse de découvrir ce qu'on ne veut pas voir), les règles devant être imminentes, calculs savants tenant compte des cycles habituels, des 14 jours théoriques après l'ovulation (mais l'ovulation FIV non spontanée, est ce pareil ?), des bouleversements que raisonnablement nos pauvres corps subissent lors de ces protocoles lourds et donc de leurs réactions un peu bizarres qui font que les dates habituelles ne sont plus fiables ? Je n'ai vécu que des échecs de FIV (2), j'ai bizarrement vécu à chaque fois un moment où après y avoir cru pendans des jours, tout à coup, sans raison apparente, le moral s'effondrait et la confiance s'envolait. Malgré Mr A, à côté, qui ne comprenait pas pourquoi tout à coup, je perdais l'espoir. Est ce que quelque chose se passait dans mon corps, un déclic funeste, est ce qu'on "sent" ces choses là ? Dans un sens ou dans l'autre, est ce qu'on sait quelque part au fond de nous ? Et surtout, est ce que cela sera différent cette fois ?
J'ai cru vivre cela dimanche, cette douleur au bas-ventre si caractéristique qui vous coupe les jambes et vous assomme de douleur si vous attendez, espérez autre chose, non, pitié pas ça, pas encore ça. J'ai crié, hurlé, parlé de tout plaquer, de partir ailleurs là, loin de pays de m... qui interdit tout au mépris de ce que vivent certains et d'aller seule s'il le faut là où la gestation pour autrui est possible puisque je n'en suis, moi, peut-être pas capable. Et puis la douleur est un peu partie, revient par intermittence, certaines d'entre vous me rassurant sur le fait que cela peut aussi être le signe de l'utérus qui s'installe dans sa nouvelle fonction. Si seulement... Rien d'autre de rouge ou marron n'est apparu, toujours le blanc immaculé de ce cher Utrogestan, mais (cf les calculs savants), c'est encore trop tôt pour que ce flux sanguinolent détesté emporte nos espoirs. Je ne sais pas, j'oscille entre rêves fous (éveillée...) et peur de l'expérience déjà vécue. J'ai peur.
J'ai lu ce matin sur un blog que ce qui était marquant dans nos parcours, c'est cette peur qui ne nous quitte quasiment pas, avant d'entrer en PMA (un peu comme on entre en religion, dans une secte très étrange...?) à l'idée de ce qui nous attend, pendant les stim, à l'idée de la ponction et du résultat, entre la ponction et le transfert avec la question "y aura-t-il des embryons, combien", après le transfert à se demander s'il y aura accroche. Et même s'il y a accroche, à l'idée d'une fausse-couche, précoce, tardive, à l'idée d'une malformation, à l'idée d'un problème grave pendant la grossesse. Putain (pardon) quand est ce que ça s'arrête ? Et puis la pire de toute: et si cela ne marchait JAMAIS ? Si on n'y arrive jamais à avoir notre bébé d'amour ? Si cela nous tue à petit feu d'avoir raté ça ?. J'ai peur, je crève de trouille et d'envie que cela marche.