Un blog de FIV, entre difficultés, doutes et espoirs. Et avec des infos scientifiques sur l'AMP
Cela ne s'arrange pas du côté de la fertilité masculine. Deux études, l'une sur les effets néfastes du bisphénol A, et une menée chez de (beaux?) jeunes et forts mâles hispaniques qui vivent pourtant au soleil, concluent à une détérioration préoccupante de la qualité du sperme.
Les effets néfastes du bisphénol A sur la reproduction humaine masculine
Genethique / Presse française
Une équipe de chercheurs français dirigée par le Pr René Habert a démontré que le bisphénol A (BPA) "entrainaît des défauts du développement des organes sexuels masculins, en inhibant la production de testostérone". Le bisphénol A "est un composé chimique qui entre dans la composition de plastique et de résine". On en trouve par exemple dans les bouteilles, les biberons, les canettes ou les boîtes de conserve.
L'étude française a permis de constater que "l'exposition des testicules foetaux humains au BPA réduit la production de testostérone, et celle d'une autre hormone testiculaire qui est nécessaire à la descente des testicules dans les bourses au cours du développement foetal". Or, cette émission de testostérone par le testicule est "cruciale" dans le développement du foetus car "elle entraîne la masculinisation des organes sexuels, qui, en absence d'hormones se différencient en organes génitaux féminins" explique René Habert. Cette baisse de production dans le développement foetal peut provoquer deux anomalies qui font l'objet d'une intervention chirurgicale après la naissance: l'hypospadias et le cryptorchidisme.
Au regard de cette étude, le Pr René Habert suppose que le bisphénol A est une des causes de la chute de production de spermatozoïdes à l'âge adulte ainsi que de la hausse des cancers testiculaires.
Depuis que le bisphénol A est suspecté de produire de tels effets négatifs, la vente de biberons contenant ce composé chimique est interdite depuis janvier 2011 en Europe. Cette interdiction "s'étendra à tous les contenants alimentaires à partir de juillet 2015 en France".
Sources : Le quotidien du médecin.fr 17/01/13 - Sante.lefigaro.fr (Cyrille Vanlerberghe) 18/01/13 - La-croix.com (Denis Sergent) 18/01/13
FERTILITÉ: Baisse de 38% en 10 ans de la qualité du sperme (Sud de L’Espagne)
SantéLog / Andrology
Les hommes sont-ils en train de devenir stériles ? C’est un nouveau signe alarmant de baisse de fécondité chez les hommes avec cette étude de l’Université de Murcie, publiée dans la revue Andrology, qui constate une baisse de 38%, en 10 ans, de la qualité (concentration) du sperme chez les jeunes hommes vivant dans le sud-est de l'Espagne. Un résultat qui vient s’ajouter à de très nombreuses études, dont la récente publiée dans Human Reproduction qui montrait, cette fois sur des hommes français, une baisse comparable, de 32 % pour la concentration du sperme, sur une période de 17 ans.
Les auteurs rappelent qu’en deçà d’une concentration <40 millions spermatozoïdes / ml, il devient plus difficile de concevoir. Or dans cette étude espagnole, la concentration de spermatozoïdes chez les hommes participants, âgés de 18 à 23 ans baisse à un rythme annuel moyen supérieur à 2%, la diminution s'élève en 10 ans à 38% et la concentration moyenne est passée de 72 millions de spermatozoïdes par ml en 2001 à 52 millions / ml en 2011.
Le Pr Torres Cantero, professeur de médecine préventive et de santé publique à l'UMU, a comparé les données de 2001 du Centre de recherche médicale de l'Université de Grenade portant sur le sperme de 273 jeunes hommes avec celles d’échantillons prélevés dix ans plus tard sur 215 étudiants appariés pour l’âge et autres caractéristiques.Autre constatation, 40% des jeunes testés en 2011 présentent une ou des altérations sur au moins un paramètre de leur sperme (morphologie, mobilité). Dans 15% des échantillons de sperme, tous les indicateurs de « qualité » du sperme sont en dessous de la norme.
Le seuil « d’infertilité » atteint d’ici quelques années ?
Les auteurs ignorent si ces résultats sont applicables à d'autres régions de l'Espagne, mais remarquent que des tendances analogues sont actuellement identifiées dans les pays voisins. Ils précisent aussi que cette dégradation de qualité du sperme ne signifie pas obligatoirement une prévalence accrue de l’infertilité. Malgré tout, ces données sont inquiétantes, car la concentration actuelle de spermatozoïdes chez ces jeunes hommes approche le seuil de 40 millions / ml. Si la tendance se poursuivait, l’infertilité pourrait augmenter d’ici quelques années seulement. Les chercheurs appellent donc à lancer de nouveaux essais cliniques afin d'identifier les actions de prévention efficaces pour lutter, par des changements de mode de vie, contre cette tendance négative.
Source: Andrology 2013. DOI: 10.1111/j.2047-2927.2012.00058.x Sperm counts may have declined in young university students in Southern Spain