Un blog de FIV, entre difficultés, doutes et espoirs. Et avec des infos scientifiques sur l'AMP
Une belle avancée médicale même si on ne sait pas encore si l'objectif de ces greffes sera atteint : permettre à ces jeunes femmes d'être un jour enceintes et d'avoir un enfant. La recherche avance, la médecine avance, parfois si lentement par rapport à nos propres échelles de temps et à nos projets personnels. Certains s'interrogent sur l'éthique de ce type de greffe: si les donneuses (vivantes donc) sont d'accord et souhaitent faire ce (beau) geste pour leurs filles, je ne vois personnellement pas pourquoi chercher des poils aux oeufs... mais certains aiment bien chercher des poils aux oeufs, ce sont les mêmes sans doute qui pronent la gratuité absolue du don d'ovocytes ou s'interrogent sur l'intérêt et "l'éthicité" de la recherche sur l'embryon...
« Premières greffes d'utérus de mère à fille »
Le Figaro , La Croix / Revue de presse Mediscoop
Martine Perez note dans Le Figaro que « deux jeunes femmes viennent chacune de bénéficier d'une greffe de l'utérus de leur propre mère, afin de leur offrir la possibilité éventuelle d'avoir un jour un enfant ». La journaliste relaie ainsi une annonce de l'Hôpital Universitaire Sahlgrenska (Göteborg) et de l'Université de Göteborg, en Suède, qui indiquent que « l'une des femmes s'était fait retirer l'utérus après un traitement contre un cancer du col de l'utérus. L'autre femme était née sans utérus. Les deux femmes ont une trentaine d'années ». Martine Perez précise que « plus de 10 chirurgiens ont participé aux opérations, qui se sont déroulées sans complication. Les femmes qui ont reçu les utérus vont bien mais sont fatiguées après l'opération. […] Les jeunes femmes devront attendre 1 an avant de pouvoir entamer une procédure de fécondation in vitro avec leurs propres embryons congelés ». La journaliste ajoute que « l'équipe de recherche du Pr Mats Brännström, professeur de Gynécologie-Obstétrique à l'Université, qui compte 20 personnes, travaille sur ce projet depuis 1999 », puis remarque que « pour l'instant, si ces deux patientes sont à nouveau dotées d'un utérus, rien ne dit qu'il est fonctionnel et qu'elles pourront un jour être enceintes et accoucher ». Martine Perez rappelle en outre que « la première greffe d'utérus réussie a été réalisée en 2011 en Turquie. Mais pour l'instant aucune grossesse n'a été menée à son terme sur un utérus greffé ». Le Pr Israël Nisand, chef du pôle gynécologie-obstétrique au CHU de Strasbourg, remarque pour sa part que « la greffe d'organe implique un traitement anti-rejet, traitement qui peut avoir des conséquences non négligeables pour le fœtus en cas de grossesse. J'ai du mal à comprendre comment les chirurgiens voient l'avenir. Sans doute envisagent-ils un traitement anti-rejet pendant la grossesse, et que l'utérus greffé soit enlevé après l'accouchement ». Martine Perez note toutefois que « certaines femmes ayant eu des greffes d'organes ont déjà pu avoir des enfants en bonne santé, malgré les médicaments immunosuppresseurs ». La Croix constate également qu’« une équipe de Göteborg a réalisé une première médicale mondiale, les 15 et 16 septembre, en greffant à deux jeunes Suédoises les utérus de leurs mères. Ces opérations visent à lutter contre la stérilité ». Le journal relève que cette équipe « estime que 2 000 à 3 000 jeunes femmes suédoises, privées d’utérus pour des raisons diverses, ne peuvent pas devenir mères. En France, elles pourraient être environ 15 000 ». La Croix observe que « c’est la première fois que les donneuses sont vivantes », ou encore note qu’« en France, pour que ces greffes soient autorisées, l’Agence de biomédecine doit au préalable donner son évaluation des conditions de prélèvement de l’utérus dans le cadre du don d’organes sur une personne en état de mort clinique ». Le quotidien cite le Dr Pascal Piver, coordinateur du service d’assistance médicale à la procréation du CHU de Limoges, qui « se prononce contre le prélèvement sur des femmes vivantes, car «il s’agit d’une intervention mutilante, où la donneuse va prendre des risques opératoires, de complications nerveuses, vasculaires, urinaires» ».