Un blog de FIV, entre difficultés, doutes et espoirs. Et avec des infos scientifiques sur l'AMP
Dernières nouvelles du front: on attend encore et encore, avec l'humeur qui est plutôt down. Down down down comme disait la chanson. Du nouveau aussi mais pas forcément du bon nouveau... Et le découragement qui gagne du terrain...
Alors commençons par les dernières petites nouveautés qui ne font pas plaisir: une petite infection. Great ! Alertée par quelques petits signes, j'ai en effet fait la semaine dernière un frottis (et oui ce n'est pas parce qu'on est en pma et qu'on en a marre d'écarter les jambes devant 2000 médecins différents pour diverses réjouissances qu'il faut se dispenser du frottis annuel, ai je appris) et un prélèvement pour analyses bactério & co. Résultat: flore de Doderlein pauvre ce qui favorise la prolifération de méchantes bactéries. Le tout évidemment pas bon du tout pour une future implantation d'embryon car cela a atteint l'endomètre. Donc traitement antibiotique pour 3 semaines pour nous deux. 3 semaines... Et on vérifiera si ok. Bref c'est raté pour un transfert sur le cycle qui commencerait mi-mars. Certes on n'avait pas pris de décision sur le TEC en mars ou avril mais voilà, là c'est cuit pour mars. Si encore tout se soigne bien...
Voilà côté physique. Côté humeur, ce n'est pas mieux. entre découragement, envie de rien et l'impression qu'on n'y arrivera jamais. Que ma vie est vide, entre parenthèses. Pourtant, partie en déplacement ces derniers jours, j'espérais profiter un peu de découvrir un endroit nouveau dans une ambiance potentiellement sympa. Mais non, cette impression de ne plus parvenir à profiter de rien, de trainer 10 tonnes de tristesse accrochée à moi (ça, ça s'accroche...). L'impression de regarder les autres vivre et d'être en stand-by. Le cœur qui se serre quand chacun parle de ses merveilleux enfants. Et moi je parle de quoi? De mes 2 embryons dans l'azote ? De mes 8 embryons qui n'ont pas vu le jour l'an dernier ? De ma douleur silencieuse et incomprise ?
Alors je me referme et je parais distante. Avec mes amis, dans mon cercle professionnel, partout. Parfois même à la maison pour ne pas me laisser atteindre par la douleur lancinante qui m'étreint une semaine sur deux. Protection. Solitude. Cercle vicieux de la solitude. Aller regarder la mer. La mer, cette immense étendue de liberté et de mystère qui m'a tant ressourcée quand j'allais la voir souvent. Etre seule, sans être obligée de parler, de faire semblant d'aller bien et de m'enthousiasmer. Ne pas trop s'enflammer lorsque la discussion aborde l'actualité: mariage pour tous, Pma pour tous. Essayer d'expliquer à une nana pourtant éduquée qui me dit a propos de la GPA: mais pourquoi ces femmes ne font pas des FIV ? Essayer de dire en quelques mots et sans se dévoiler que cela n'a rien à voir, que les FIV permettent de pallier tel problème, la GPA un pb sur l'utérus, qui n'ont rien a voir médicalement.
Vouloir voir des signes partout aussi, bons ou mauvais. Tel ce mendiant (je l'ai appris après) qui me jette un bout de laine rouge au milieu d'autres touristes et dont j'apprends après qu'il s'agirait d'une coutume pour aider les femmes qui avaient du mal à enfanter. Pourquoi moi ? Pourquoi moi et une autre fille du groupe de collègues qui souffre d'endométriose avons nous toutes deux hérité de ce bout de laine ? Et cet endroit célèbre dans le monde entier où certains glissent un petit mot/un vœu pour un avenir meilleur, le leur ou celui du monde. Cet endroit où même si je suis athée et un peu en guerre contre l'intolérance des religions toutes autant qu'elles sont, je n'ai pu m'empêcher de penser et d'espérer que ce que je souhaite arrive, vite. Sans aucun rapport avec le poids historique et lien entre les deux lieux, j'avais déjà fait un vœu il y a plus d'un an en touchant une chouette en pierre qui paraît-il exauce tes souhaits. Mouais, 2 FIV plus tard, toujours rien. Je ne parle même pas de miracle sous la couette, mais au moins des FIV qui marchent quoi ! Car si l'arrivée de J1 me met l'humeur très down et ce de plus en plus, c'est je crois plutôt strictement hormonal que lié a une déception qu'il n'y ait pas eu de miracle ce mois ci... Parce que j'ai pas l'impression que les miracles passent par ici...
Voilà c'est pas la joie sur le front... En même temps, la guerre s'éternise et s'enlise un peu et les troupes se découragent. Tellement d'espoir mis dans ce Tec, dans ce traitement pour améliorer l'endomètre (et accessoirement qui me colle un mal de tête permanent depuis 4 mois mais bon c'est accessoire). Et parfois je me dis que ce traitement va juste me permettre de retrouver des paramètres presque normaux de volume endométrial et on est bien placée en tant que PMette pour savoir que cela ne garantit pas une accroche. Et on sait aussi que la dévitrification n'est pas une étape garantie non plus. Alors voilà, il faut rester lucide. Peut être que je fêterai mes 41 ans dans les larmes d'un nouvel échec. 41 ans, 3 FIV, 1 TEC, et après on fait quoi ?
En bonus, un petit épisode de "Vis ma vie de PMette":
Hier soir, cabinet de ma nouvelle gyneco de ville (qui y tate un peu en PMA et en distilbene) où je suis allée faire le petit contrôle ci dessus. J'arrive pour récupérer mon ordonnance, la secrétaire me fait asseoir dans l'entrée, la médecin me prendra quelques minutes pour m'expliquer le tout entre deux rdv. Arrive une nana enceinte (pas de beaucoup) essoufflée. Qui vient pareil récupérer une ordonnance, anémiée en fer d'où sa fatigue. On attend côte à côte, la gyneco sort pour récupérer un truc, elle lui saute dessus (plus fatiguée du tout): "et qu'est ce que j'ai et je suis fatiguée et ça va pas". "Reposez vous" lui dit la gyneco. "Oui mais je travaille" et vas y que je pleurniche. "Attendez moi ici, je finis avec ma patiente". Sort enfin la patiente en rdv, et alors que j'étais arrivée avant elle, cette pétasse, tres probablement enceinte en s'envoyant en l'air n'est ce pas, qui s'engouffre dans la salle de consultation, sans même me demander si elle peut me passer devant. Et moi je pleurniche de mes embryons qui s'accrochent pas et de mon ventre vide et de mon angoisse qui ne me quitte plus de ne jamais parvenir à être mère ?
Voilà c'est encore la double peine de la PMette, t'es là avec ta rage et ton désespoir de ne pas parvenir à être enceinte et tu dois pas broncher quand une pétasse excitée et sans gêne à peine enceinte te passe devant... Alors que tu rêverais d'être à sa place, et que tu passerais pas ton temps à geindre...
Ah et puis, cerise sur le gâteau, sur le retour, je passe devant l'agence immobilière où on avait visité une maison qui nous plaisait. Et bien plus de maison en vitrine, sans doute vendue. Voilà... Pourtant le petit jardin en centre ville et cette grande et belle chambre en face de la nôtre, je la trouvais parfaite pour accueillir deux petits (oui, 2...) et les voir courir dans le jardin. Ben non. Là aussi, on a raté notre tour (et il nous manquait un peu d'argent aussi d'ailleurs mais bon c'est une autre histoire). C'est quand notre tour d'ailleurs ? Celui du bonheur et celui on réussit à avoir notre/nos bébés ? Celui où on peut enfin profiter de la vie et faire de notre quotidien une histoire qui ne soit pas habitée par les larmes et les déceptions? Putain, c'est quand ?