Un blog de FIV, entre difficultés, doutes et espoirs. Et avec des infos scientifiques sur l'AMP
1er août 2013. Journée de merde. Peut être que la PMA est venue à bout de mes forces et qu'il n'y a plus de place que pour le découragement et un sentiment d'écoeurement et de désespoir.
Peut-être que je commence depuis quelques mois déjà à ouvrir les yeux et à comprendre que les coups répétés sur la tête ne sont pas seulement des coups mais des alertes pour me faire comprendre que le mur est tout proche, que je fonce en plein dedans et me faire voir la réalité qu'il va falloir encaisser: je n'aurai jamais d'enfant. Voilà, c'est tout, j'ai raté mon tour, on a gâché nos maigres chances à coups d'incompétences de ceux censés nous suivre, parce que je n'ai pas assez anticipé, tout tenté, forcé les portes et les réticences à aller plus vite. Résultat: je reste sur le carreau.
Au bord de la voie de chemin de fer (en même temps, ces temps ci, le train c'est dangereux, ben quoi, il me reste l'ironie et le cynisme, c'est déjà ça...) à regarder les autres monter dans ce putain de train qui m'est interdit, à parfois parvenir à me réjouir quand ce sont ceux qui ont galéré mais avec un goût amer au fond de la gorge, je reste sur le bord et j'y suis seule. A regarder les autres vivre leur petit bonheur parfait ou imparfait mais petit bonheur malgré tout. Alors moi je fais frénétiquement les soldes ou des achats compulsifs manière de grapiller quelques secondes de petit plaisir "parce que je le vaux bien". Mais ça c'est hors sujet... Et puis le désespoir et la lassitude reviennent, à quoi bon.
Mais revenons aux derniers épisodes de ce parcours PMA qui m'aura réduite en miettes. Adieu joie de vivre, confiance en soi et insouciance. Bonjour PMA, larmes, souffrances, peine insondable et incomprise.
Il y a 3 ans, nous commencions à parler PMA, même si notre histoire était récente mais le passif infertilité évident.
Il y a deux ans et quelques, nous entrions en PMA, pleins d'espoirs et de volonté. Les déceptions allaient pleuvoir, l'attente, la douleur physique dont tout le monde se fout, les aléas d'un centre merdique (c'est pas que moi, c'est l'ABM qui le dit aussi !!), l'exécrable traitement des patients par Dieu, le mépris de ce qu'on vit, les protocoles toujours identiques et pas adaptés chaque cas, les phrases assassines et méprisantes, l'absence d'explications parce qu'on va quand même s'abaisser à expliquer aux patients pourquoi on leur impose ça ou ci pour eux, l'incompétence doublée d'un ego ahurissant, le jeu-m'en foutisme, on encaisse les dépassements d'honoraires et le reste on s'en fout, etc etc.
Il y a un an, nous lancions la 3e tentative de FIV. Qui a échoué comme les autres.
Il y a 9 ou 10 mois, je commençais le traitement censé booster mon endomètre et assurer des conditions minimales à un espoir d'accroche. Les tentatives précédentes étant vouées à l'échec selon une spécialiste vue à Paris. Contente de l'apprendre après en avoir autant chié et y avoir autant cru !
Il y 3 mois, un essai de TEC stoppé en plein élan à cause d'analyses et de progesterone foireuses et aucune solution proposée pour la prochaine tentative, on va quand même pas remettre en cause le protocole immuable de Dieu...
Il y a un mois, lors d'un rdv avec un grand ponte local pour changer de centre, on nous dit qu'a priori, notre dossier serait accepté pour la der des der, 4e FIV-ICSI (si le TEC ne marchait pas bien sûr, soyons fous un instant, croyons y...). Mais qu'il fallait compter minimum 5-6 mois pour espérer une prise en charge chez eux.
Mais, parce qu'il y a un mais, en même temps, ce même grand professeur, nous dit que vu mon âge, les chances sont minimes, qu'il allait falloir songer peut-être au don d'ovocytes, voire à ne pas s'acharner. Voilà voilà. Quand on sait que cela fait 3 ans qu'on est suivi pour infertilité masculine, et que je n'ai a priori pas de souci à ce niveau là mais un souci d'accroche et de mener à terme une grossesse qui ne serait nullement résolu par le don d'ovocytes, ça me fait amèrement ricaner.
Amèrement, parce que ça ne changera rien à mes chances de mener une grossesse au bout avec un problème d'utérus distilbène.
Amèrement, parce qu'on ne nous a jamais, quand j'étais plus "jeune", proposé de tenter les IAD, qui avec un traitement moins lourd aurait permis d'enchainer plus de tentatives et de nous donner quelques chances en plus.
Amèrement, parce que j'ai des copines (de mon âge voire un peu plus) qui soit naturellement soit avec un petit coup de pouce médical sont enceintes (et accouchent bref tout va bien) au même âge avec des AMH & co parfois bien plus basses que moi. Mais comme il n'y avait pas de cause d'infertilité masculine, IAC et basta, bingo !
Amèrement, parce que si le don d'ovocytes ne me pose pas de problème majeur, même si ce n'est pas anodin non plus et qu'il ne faut pas minimiser la non-transmission de ses gamètes qui reste un choix à réfléchir mûrement et pas sur un coup de tête, cela serait à moi de "renoncer" à mon patrimoine génétique alors que monsieur clame haut et fort qu'il s'en fout lui de ses gamètes. Forcément en ayant adopté, il ne peut pas décemment dire autre chose sans renier ses actes passés. Ironie du sort, quand tu nous tiens. Mais bref, au final, c'est moi qui renonce. Je ne suis plus à ça près, j'imagine...
Amèrement, parce que je suis persuadée que par culte de la technique et d'une certaine prouesse technologqiue et médicale, on oriente délibérement les couples comme nous vers des ICSI en sachant pertinement que les chances de succès sont faibles mais cela doit être plus glorieux ou je ne sais pas, plutôt que que de leur donner le choix directement de choisir entre ICSI de couple ou IAD ou de tenter les 2 en parallèle. Hypocrisie du système français, comme le don ne marche pas ici, on fait comme si ça n'existait pas.
Amèrement, parce que maintenant, on me dit que c'est trop tard. Désolée, ma petite dame, mauvaise pioche, ne passez pas par la case départ, ne touchez pas les 20000 et allez en prison. Dans la prison de cette vie que je n'ai pas choisi et qui fait mal à chaque instant. Car tout, tout le monde, songe bien à chaque instant à vous rappeler à côté de quoi vous passez et à bien vous envoyer dans la gueule combien c'est merveilleux d'avoir un enfant.
Il parait que je suis une battante, que quand je veux un truc, je fonce et rien ne m'arrête. Enfin c'est ce qu'on me disait, "avant". .. Bref après avoir digéré ce nouveau coup bas, j'ai donc réfléchi à un grand plan de bataille, pour parer à tous les coups et finir par gagner la guerre, par tous les moyens.
Avec un plan d'action et un calendrier béton digne d'un général d'armée (en même temps, j'en connais pas des généraux d'armée donc je ne sais pas comment ils opèrent !):
- Août 2013: examens divers (lancer les rdv pour les bilans hormonaux à J3, les mammographies, les analyses de Mr etc etc à la demande du nouveau centre potentiel) et un peu de vacances, bien méritées et qui ne devraient pas faire de mal à un couple qui bat de l'aile et de fatigue. En parallele, prise de renseignements divers et d'ailleurs pour la suite.
- Septembre 2013: tentative de TEC1-bis, en espérant que la progestérone restera sage et qui sait un résulat positif ? dans ce cas, le plan s'arrête là bien sûr. Si TEC ne va pas au bout pour les mêmes raisons qu'en mai et comme il n'y aura toujours pas de blocage du cycle naturel, je tue Dieu de rage et de dépit puis je récupère nos embryons pour tenter le TEC avec des gens qui font un protocole en fonction des paramètres de chaque patiente et non pas un protocole une fois pour toutes et pour toutes comme dans le centre actuel!
- Octobre / novembre 2013: si le TEC a échoué, essai d'IAD en Belgique, il parait qu'ils sont bons en Belgique pour les IAD alors en route pour la Belgique ! Et on fait 1 ou 2 tentatives d'affilée si besoin ? allez !
- Décembre / janvier: FIV-ICSI 4 dans le nouveau centre, là encore on croise les doigts, qui sait ? et qui sait, peut être 1 chance supplémentaires avec un TEC ?
- La suite, si échec, vers le Don d'ovocytes, plutôt en Espagne cause proximité géographique. mais à voir, à étudier, à regarder bien sur selon les options et les retours des unes et des autres.
Avec tout ça en tête, pendant quelques jours, l'espoir est revenu, je nous voyais sortis tôt ou tard d'affaires, et sortir gagnants avec un bébé (2???!) dans les bras. Oui c'est peut-être pas du tout concret et pertinent, oui je m'éparpille mais je n'ai plus le choix d'attendre, de faire les choses dans l'ordre logique donc quand faut y aller, faut y aller.
Hélas, il y a 2 jours, j'appelle une des cliniques belges qui me dit que vu mon âge, et vu la rareté de donneurs de sperme, ils partiraient plutôt sur une FIV que sur une IAD. A négocier selon le dossier médical mais à priori ce serait FIV. Point barre. Nouveau coup sur la tête car mon super plan s'écroule et car je reste persuadée que les IAD pourraient marcher et seraient aussi moins lourdes pour mon corps et permettant de faire 2 tentatives d'affilée plutot que d'attendre entre 2 FIV. Ai je dit que j'en avais marre de souffrir et d'encaisser physiquement autant et surtout pour rien ? C'est peut-être bête et présomptueux, mais pour moi les IAD c'est du bonus qui ne coûte pas trop cher à mon corps et qui peut marcher; Sur un malentendu sur mon âge peut être mais un couple dont l'homme est fertile fait bien des IAC qui marchent parfois au même âge alors why not ! Merde, pourquoi je n'y aurais pas droit moi à ma pettie chance en plus ? Et puis je pensais naïvement que à l'étranger, en payant, on choisissait et on était enfin maître de notre destin (un tout petit peu au moins). Reste que je n'avais pas prévu le coup du sperme de donneur trop rare pour être gaspillé sur une IAD avec une vieille comme moi. Bref mon âge me poursuit et cela ne va pas aller en s'arrangeant. Bref, de partout, tous les signes me disent que c'est trop tard et que les chances qui restent, si tant est qu'il en reste, sont très faibles. On revient donc au début de ce billet et à ce désespoir de ne jamais y arriver qui se fait chaque jour plus concret, plus insistant, plus cruellement réaliste.
Voilà, j'ai passé mon tour et la PMA ne m'aura rien apporté à part qu'elle m'aura détruite. Et je ne peux m'empêcher de penser à ce post d'une galérienne qui clôturait son blog il y a quelques temps par un post intitulé "Game over" et disant qu'en cas d'infertilité masculine, il fallait être réaliste et savoir que malgré l'ICSI dont se gargarisent nos médecins, et bien passez votre chemin, cela me marche que très rarement. Mais on ne vous parle pas d'IAD et on vous laisse bien espérer dans ces FIV foireuses intra-couples jusqu'à ce qu'il soit trop tard pour autre chose.
Découragée, désespérée et écoeurée... Et maintenant on va tenter de profiter de notre semaine de vacances dans quelques jours et de faire semblant de croire en ce TEC. Je sais bien qu'au fond, malgré cette vie qui n'avance de nulle part, malgré le sur-place insupportable et les portes qui se ferment les unes après les autres, il reste en moi une minsucule petite lueur d'espoir qui fait que je tiens encore debout mais que va t il se passer dans 1 an ou 2 quand on aura tout tenté et si rien n'a marché ? Quand il ne me restera plus qu'à renoncer, seule, à serrer jamais un petit bout dans mes bras et à n'entendre jamais le mot maman ? Je n'ai pas la réponse et je ne vois pas la solution.Je n'ai plus la force de voir les solutions et l'avenir et de me dire que je vais arriver à tenir le choc.
Classé dans la rubrique Show must go on, mais plutôt sur le registre Show terminé... Peut-être que d'écrire tout ça ici, me permettra d'aller mieux, de lâcher les vannes un peu, de soulager un peu cette peine si lourde à porter seule. Peut-être, peut-être pas.
Edit du 2 août
Sortir le chien et croiser un voisin qui s'exclame sur le fait que je ne change pas et que je n'ai pas de cheveux blancs, les siens de cheveux blancs) "ça doit être à cause des enfants" dit-il en riant. Rentrer en retenant ses larmes et entendre les rires des petits-enfants d'autres voisins dans l'escalier. S'effondrer toujours plus bas, pleurer encore et se souvenir des mots entendus ce matin, comme quoi j'avais qu'à faire un gosse avant et que c'était de ma faute si je n'en avais pas. Avoir juste envie de disparaitre au fond de mon trou.