Un blog de FIV, entre difficultés, doutes et espoirs. Et avec des infos scientifiques sur l'AMP
Suite des chroniques de la vie d'une PMette ordinaire. Entre annonces des uns et des autres. Entre vies qui bougent et impression d'être, nous, immobiles au bord du chemin... Le chemin de la PMA, en stand-by pour cause d'endomètre à booster, le chemin de la vie qui donne envie de faire des projets, comme, par exemple, acheter un nouvel appart... mais si la 3e chambre, pourtant belle et grande, devait rester vide ?
Ce matin, réunion hebdomadaire avec une structure pour qui je travaille depuis quelques années. Une équipe majoritairement de filles (sauf le boss !) plutôt jeunes. Je m'étais alertée il y a quelques mois du petit ventre de l'une, mais avais été rassurée de la voir picoler à un apéro qui avait suivi. Fausse alerte. Et là, ce matin, début de réunion, et l'une qui prend de grands airs pour annoncer une grande nouvelle... j'ai au début cru qu'elle allait évoquer qu'elle partait ailleurs ... mais non, vous avez deviné, elle est enceinte ! Great ! Me suis sentie toute bête, bredouillant un "ah, bien" qui se voulait souriant. Autant vous dire que ces clients ne sont pas au courant de ma situation, de mes essais, de ma vie. J'avais du inventer une excuse lors d'une FIV pour ne pas venir à une réunion qui tombait en pleine fenêtre d'implantation (journées sans voiture dans mon centre), et l'une qui me sort "mais pas souci, on peut passer te chercher" croyant que c'était un souci mécanique, bref...
Il y a deux jours, sur une soirée "networking", j'entends quelqu'un s'exclamer face à une connaissance de travail: "ah, c'est le premier? c'est chouette alors... Et il fait ses nuits ?" et blablabla. Discutant plus tard avec cet heureux nouveau papa (la dernière fois que j'avais discuté un peu perso avec lui il n'y a pas si longtemps, il était célibataire ou voyait très vaguement quelqu'un), j'ai fait comme si je n'avais rien entendu, et rien dit. Pas pu. Pas la force de faire semblant, de cacher ce que ressens. Alors je me tais.
Et puis que dire ? "Félicitations" (pour vous être envoyé en l'air avec succès), "je suis heureuse pour toi" (avec un relent d'amertume/jalousie -puisqu'il faut bien dire la vérité) ? Bref, je n'ai pas envie de sortir les banalités affligeantes qu'on est censé sortir en pareil cas. C'est ma résistance à moi au fait que les gens pensent que tout le monde va se réjouir pour eux, que la société considère ces nouvelles, pourtant privées, comme bien commun de l'humanité. De toutes façons, très franchement, les annonces de grossesse / naissance, soit ce sont celles de proches et donc on en sait plus sur les gens, leur parcours et on peut effectivement se réjouir pour eux et leur parler de ce qu'on vit et des sentiments contradictoires lors de ces annonces, soit ce ne sont que des connaissances, et franchement, on s'en contrefout, non, qu'ils se reproduisent ou pas ?
En attendant, voilà, la vie des autres est bien remplie et la mienne, ben, elle est remplie de fenêtres d'implantation qui restent béantes... cette terrible impression de rester sur le bord du chemin, de voir les mois, les années qui passent (teasing: bientôt 1 an depuis la 1ere piqûre de FIV1, l'occasion d'un bilan non ?), de se regarder vivre en attendant de vivre vraiment, de meubler sans trop oser s'engager dans telle ou telle voie, au cas où. Pour une maison, pour des opportunités professionnelles. Oh bien sûr, d'un oeil extérieur, je dois avoir l'air de faire plein de choses et beaucoup me disent "oh mais tu n'arrêtes pas, de voyager, de ci de ça", mais au fond, l'impression qu'il y a un grand vide... Le même vide, qui, sans doute et sans qu'on en parle trop, fait que l'autre jour, au milieu d'un film et de l'incontournable pause pub (et vlan plein de bébés potelés qui courent en couches-culottes), on s'est serré fort la main avec Mr A et que j'ai vu une larme couler sur sa joue...
Finalement, moi qui n'ai toujours pas répondu aux couples de "copains" qui m'ont annoncé la naissance de leur 3e récemment, (après tout, ils n'avaient pas répondu à mes voeux en janvier), j'ai trouvé: "merci pour cette annonce et de m'avoir au moins épargné celle de l'annonce de grossesse". ps: Allez vous faire foutre, les fertiles.
De mon côté, j'enchaine avec une autre réunion à 14h. Jamais 2 sans 3 ? Ah mais j'oubliais, la dernière fois, il y en a une qui n'était pas là, car elle était chez le pédiatre parce que son mioche avait je ne sais quoi. Bref une affaire d'état visiblement...
C'était le billet de (mauvaise) humeur du jour.