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6 février 2013 3 06 /02 /février /2013 00:00

Le salut viendra-t-il de l'Europe ? Mais où faut il aller dire que la GPA ne concerne pas que les couples d'homos ?? Et d'ailleurs dans ce débat où on associe mariage pour tous et PMA, faut il rappeler que la PMA n'est pas réservée aux couples mariés (même en France) ??

 

 

Le mariage pour tous, une porte ouverte à la PMA et à la GPA pour tous

 

A l'heure où se déroule le débat sur le mariage pour les couples de même sexe, beaucoup s'inquiète de cette réforme du droit français qui pourrait engendrer l'accès à la procréation médicalement assitée (PMA) et à la gestation pour autrui (GPA) pour ces mêmes couples.

 

C'est la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) qui pourrait bien ouvrir la porte de la GPA en France. En effet, "même si la France voulait continuer à interdire le recours aux mères porteuses", la législation "risque[rait] bien de ne plus constituer à elle seule un rempart efficient contre le développement de cette pratique"; la CEDH "pourrait bien obliger les Etats à donner aux enfants nés par GPA à l'étranger un statut égal aux autres". Bien "que la Cour de cassation, qui fut longtemps considérée comme le tribunal suprême, ait réaffirmé la prohibition de la [GPA], [cela] ne suffira probablement pas à stopper le train en marche". La position de la CEDH est d'ailleurs attendu dans les mois qui viennent sur le sujet. Il s'agit de l'affaire Mennesson: un couple hétérosexuel français qui a eu recours à une mère porteuse en Californie (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 8 mars 2011) et qui s'est vu refusé par la Cour de cassation, en 2011, la transcription de l'état civil de leurs jumelles nées aux Etats-Unis (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 7 avril 2011). A la suite de ce refus, ils ont saisi la CEDH, qui s'est déclarée recevable.

A l'heure actuelle, les enfants nés par GPA à l'étranger, "reçoivent, sur place, des papiers établissant la naissance d'un enfant né du père donneur de sperme et de son compagnon/sa compagne, ou bien du donneur et de la mère gestatrice, selon que les pays reconnaissent ou non le mariage homosexuel" (Ndlr: C'est le cas des Etats-Unis: Cf Synthèse de presse Gènéthique du 4 février 2013). En revenant dans leur pays d'origine, ce qui est le cas en France, les couples ne peuvent obtenir la nationalité française pour leurs enfants. Mais ce "verrou" pourrait bien sauter. En effet, si "14 pays européens sur 27 n'ont pas autorisé la GPA chez eux, [...] la majorité de ces pays réticents ont néanmoins mis en place des procédures permettant aux enfants de bénéficier d'un état civil national". Ainsi, même si la CEDH "ne devrait pas se prononcer sur le choix par un pays d'interdire le recour à une mère porteuse sur son territoire [...], les juges pourraient se mêler en revanche du statut des enfants en réclamant davantage d'égalité".

Cependant, pour Sylviane Agacinski, philosophe, permettre qu'un Etat "accorde un certificat de nationalité aux enfants nés de mères porteuse à l'étranger", comme l'a décidé en France la ministre de la Justice Christiane Taubira, est "inquiétant" et "incohérent", à partir du moment où est "exclut toute légalisation de l'usage des femmes comme 'mères porteuses' ", cette pratique entraînant inévitablement une marchandisation du corps.

 

De même, c'est la CEDH qui pourrait imposer, en France, l'ouverture de la PMA aux couples homosexuels dans le cas où le mariage pour les personnes de même sexe serait voté. En effet, Gregor Puppinck, directeur du European Center for law and justice (ECLJ) explique comment "l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de même sexe entraînerait un droit d'égal accès aux techniques de procréation artificielle des couples mariés homosexuels, par application de la Convention européenne des droits de l'homme".

En effet, l'article 12 de cette même convention reconnaît à " 'l'homme et la femme', à 'partir de l'âge nubile' 'le droit de se marier et de fonder une famille selon les lois nationales régissant l'exercice de ce droit' ". Il précise qu' en interprétant cet article, la CEDH "a énoncé que 'le but poursuivit (par cet article) consiste essentiellement à protéger le mariage en tant que fondement de la famille', car la famille est 'la cellule fondamentale de la société', 'l'élément naturel et fondamental de la société', 'l'unité fondamentale de la société et milieu naturel pour la croissance et le bien être de tous ses membres, et en particulier des enfants' ".

Poursuivant sur l'article 12, Gregor Puppinck explique qu' "un Etat ne peut pas accorder à deux personnes le droit de se marier puis leur refuser la faculté de fonder une famille. Ce serait offrir un droit formel (la cérémonie) vidé de sa substance; il ne doit pas empêcher un couple marié d'avoir des enfants selon les voies naturelles et/ou légales". De fait, "permettre aux couples de même sexe de se marier a non seulement pour effet, mais plus encore pour finalité même de leur reconnaître ou accorder la faculté de fonder une famille. Cette faculté peut s'exprimer par l'adoption ou la procréation artificielle qui est ouverte à tout couple marié".

Cependantr, "la Cour [La CEDH: ndlr] a jugé que réserver l'insémination artificielle avec donneur anonyme de sperme (IAD) aux couples hétérosexuels infertiles n'est pas discriminatoire car, d'une part les couples hétérosexuels et homosexuels ne sont pas en tout comparables, et d'autre part, parce que l'accès à cette technique est en France 'subordonné à l'existence d'un but thérapeutique' " dans le sens où il n'est possible de recourir à une technique artificielle de procréation que pour "remédier à une infertilité dont le caractère pathologique a été médicalement constaté" ou pour "éviter la transmission d'une maladie grave". Or, poursuit-il, l'infertilité des couples homosexuels "n'a pas de cause physiologique, et la fonction de la médecine n'est pas d'exaucer artificiellement les désirs d'enfants, ou de mettre en oeuvre un droit à l'enfant que les couples auraient acquis envers la société".

Pourtant, Gregor Puppinck affirme que "dès lors que l'Etat s'engage à aider les couples stériles et infertiles à fonder une famille par la procréation artificielle ou médicalement assistée, il lui sera très difficile dans les faits de le refuser aux couples mariés de même sexe en raison du caractère extensif du principe de 'non discrimination' et de l'évolution de la médecine au-delà de sa finalité thérapeutique".

 

Sources : Le Figaro (Laurence de Charette) 05/02/13 - Zenit.org (Gregor Puppinck) 01/02/13 - Le Monde (Sylvian Agacinski) 03/02/13 / Synthèse: GenEthique

 

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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 15:36

Ahurissant. Aller faire une PMA à l'étranger ? Et alors ? Où est le problème ? Puisque le système français ne sait pas répondre correctement aux besoins de ses ressortissant(e)s ! Le monde à l'envers ! Et on tape sur les doigts des gynécos pour ça ? Ok le coup des rétrocommissions n'est pas super déontologique mais il n'y a pas mort d'homme non plus si la clinique est de qualité et avec des taux de succès corrects ? Et si on final les couples qui ont erré sans ménagement ni humanité pendant des années dans des services PMA français mal équipés et aux staffs si peu aimables, finissent par réussir ailleurs !

 

« Les gynécologues rappelés à l’ordre »

Le Parisien / Mediscoop

 

C’est ce que titre Le Parisien sur sa Une, notant que « face au racolage des cliniques étrangères, […] le ministère de la Santé menace de poursuites pénales les gynécologues s’ils orientent, contre rémunération, leurs patientes vers des cliniques étrangères pratiquant la procréation médicalement assistée ».

Marc Payet constate ainsi sur deux pages que « le gouvernement veut mettre fin aux dérives » et cite la Direction générale de la santé, qui observe que « le nombre de couples français qui se rendent à l’étranger en vue d’assistance à la procréation avec don d’ovocytes ne cesse d’augmenter. […] La situation tend à s’aggraver avec le démarchage de plus en plus offensif des établissements et des praticiens français par des cliniques et des organismes étrangers ».

Le journaliste explique que « les services de Marisol Touraine menacent «de 5 ans de prison et 75.000 € d’amende» tout gynécologue français qui relaierait ces offres commerciales auprès de ses patientes ». Marc Payet rappelle que « déjà, en 2011, un rapport de l’Igas évoquait des «rétrocommissions» proposées à des praticiens français par des cliniques espagnoles, une pratique visiblement en expansion : des lettres adressées à certains médecins monnayent clairement l’envoi de patientes de l’Hexagone à Alicante ou Barcelone ».

Le journaliste observe que « la profession est en émoi ». Sylvie Epelboin, gynécologue et coordinatrice du centre AMP de l’hôpital Bichat (Paris), déclare ainsi être « surprise de ce rappel à l’ordre, alors que [leurs] patientes en situation de détresse n’ont souvent pas d’autre choix que d’aller à l’étranger ». Marc Payet note que « la France, selon elle, est d’autant plus hypocrite que «l’assurance maladie prend en charge ces dons d’ovocytes à hauteur de 1 600 € lorsqu’ils ont lieu dans l’Union européenne ».

Le journaliste ajoute que « beaucoup pensent que jamais le ministère [de la Santé] n’aurait publié une telle circulaire si le business européen de la procréation médicalement assistée n’était pas en plein essor. De fait, en Espagne, Italie, Grèce voire en République tchèque, de plus en plus de centres proposent à des couples d’accéder à leur rêve grâce à une donneuse aussi fertile que… rémunérée ».

Marc Payet interroge notamment le Pr François Olivennes, spécialiste de la PMA à la clinique de la Muette (Paris), qui indique être « un peu interloqué par cette circulaire, qui est très dure vis-à-vis des gynécologues. […] Il m’est arrivé de donner des adresses, tout simplement parce que je savais que cette clinique était de bonne qualité. [Mais] certaines pratiques sont inacceptables. On ne peut accepter qu’un établissement ou un praticien touchent de l’argent de la part d’une clinique étrangère qui voudrait se faire adresser une patiente. Je sais bien que des cliniques étrangères tentent cette démarche, mais je n’ai pas eu connaissance qu’un de mes confrères ait accepté d’être payé pour cela ».

 

PMA à l’étranger: Les raisons d’un déficit français

 

SantéLog / Conseil national de l’Ordre de médecins, Igas

 

5 ans de prison et 75.000 euros d'amende, c’est ce que risque un médecin s’il transmet une simple information à ses patientes concernant la pratique de la PMA à l’étranger. Alors le médecin est considéré comme « responsable de la mise en relation de ses patients » avec la clinique ou le centre étranger. Mais alors que le Conseil national de l'Ordre des médecins publie ce courrier de rappel de la Direction générale de la Santé, précisant les sanctions pénales, la France se trouve face à une pénurie spécifique qu’elle va devoir régler.

 

Le contexte est caractérisé en France par un déséquilibre marqué entre un besoin croissant d’assistance médicale à la procréation (AMP) et un nombre de donneuses insuffisant. Face à cette incapacité à satisfaire sur le territoire national les besoins des couples requérant ce don de gamète, le recours aux centres transfrontaliers est en augmentation, parfois même sur incitation des médecins français eux-mêmes.

 

En France, le cadre juridique est plus contraignant que chez de nombreux voisins européens, ce qui contribue à expliquer la faiblesse du nombre de dons et les recours massifs aux centres étrangers. Ainsi, une donneuse devra avoir procréé avant de donner ses propres ovocytes, être en âge de procréer, obtenir le consentement de son conjoint et ne sera pas indemnisée (ici, en France, comme dans la plupart des pays européens). Rappelons également, dans le contexte du projet de Loi sur le mariage « pour tous », qu’aujourd’hui, le recours au don d’ovocytes est réservé, en France aux seuls couples hétérosexuels. En revanche, en France, le parcours de soin est totalement pris en charge et remboursé à 100% pour l’AMP jusqu’à 4 tentatives de FIV et sous condition d’avoir moins de 43 ans. Mais quelle issue, lorsqu’on a plus de 43 ans ?

Un besoin très supérieur aux dons : Le rapport de l’IGAS de 2011 estime ainsi les besoins globaux entre 1.500 et 6.000 nouvelles prises en charge en AMP chaque année. Et, en 2008, le nombre de couples receveurs en attente dépasse les 1.600. Ainsi, sous condition de rentrer dans le cadre, les délais en France, d’accès à l’AMP restent extrêmement longs au minimum de 12 mois, plus généralement compris entre 18 mois et 3 ans.

Le recours aux soins transfrontaliers représente ainsi entre 80 et 85% de toutes les prises en charge de couples français recourant au don d’ovocytes, toujours selon le rapport de l’Igas. 1.800 à 3.600 femmes françaises iraient ainsi chaque année, plusieurs fois à l’étranger, conservant, si elles sont dans l’épure de la législation française le droit à une prise en charge de l’Assurance maladie, en vertu du principe de remboursement des dépenses de soins hors territoire national. Nos institutions connaissent donc bien l’ampleur du phénomène et sa progression. En 2010, 385 demandes acceptées auraient ainsi représenté 600.000 euros de prie en charge (pour près d’1,9 millions d’euros de dépenses totales). La demande d’AMP à l’étranger augmente fortement, elle aurait été multipliée par 15 en 5 ans.

La Direction générale de la santé s'inquiète de l’offensive possible des centres étrangers sur les spécialistes français. Il s’agit donc aujourd’hui, pour le système français de trouver les moyens de satisfaire un besoin thérapeutique national sans renoncer au un principe éthique de la gratuité du don. L’Igas qui a proposé des leviers, estime qu’un effort financier raisonnable permettrait de mettre en place une nouvelle organisation capable déjà, d’alléger une partie de la pénurie.

 

Sources: Conseil national de l'Ordre des Médecins Courrier envoyé aux conseils départementaux -, IGAS Etat des lieux et perspectives du don d'ovocytes en France

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4 février 2013 1 04 /02 /février /2013 16:50

On lit des choses tristement ahurissantes dans la presse: "la PMA fait des victimes au PS". Et bien je crois qu'ici, et ce indépendamment des opinions et encartages politiques des unes et des autres, on s'en fout des victimes au PS !

Est-il utile de rappeler qu'elle en fait surtout médicalement parmi les couples infertiles qui ne réussissent jamais ? Je crains que les chiffres, à la louche, ne lorgnent vers le 50% des couples qui repartent les bras vides au bout de plusieurs années de tentatives...

 

J'en profite pour mettre en ligne un article paru dans le Monde et envoyé par Bounty Caramel (merci !!!) qui parle de la position du Comité National d'Ethique et de sa volonté de se saisir de cette question de la PMA pour tous (enfin pas pour les homos hommes, désolée les garçons, la GPA risque de ne pas passer pour vous non plus !).

D'ailleurs, une pensée à l'instant: la GPA serait autorisée demain "grâce" aux homos alors que des couples hétéro qui ont des pb d'infertilité utérine depuis des années n'y arrivent pas, cela serait un peu hallucinant... Certes qu'importe les moyens, pourvu qu'on y arrive mais cela remet bien à sa place l'importance qu'on accorde à l'infertilité et aux gens qui sont concernés dans notre société...

 

 

"La question de la PMA justifie des états généraux"

LE MONDE | 01.02.2013 à 11h49 • Mis à jour le 04.02.2013 à 11h17 Propos recueillis par Gaëlle Dupont

 

L'immunologiste Jean Claude Ameisen, nouveau président du Comité consultatif national d'éthique.

 

Jean-Claude Ameisen, professeur d'immunologie à l'université Paris-Diderot, est président du Comité consultatif national d'éthique depuis novembre 2012. Le CCNE, créé en 1983, compte 40 membres, dont des médecins, biologistes, juristes, philosophes, sociologues, anthropologues, représentants des religions. Il a pour mission de donner des avis sur les problèmes éthiques en biologie, médecine et santé. François Hollande aurait l'intention d'y faire appel pour l'aide médicale à la procréation, mais le comité n'a pas été saisi officiellement.

 

Le Comité consultatif national d'éthique a décidé de se saisir de la question de la procréation médicalement assistée (PMA), pourquoi ?

La loi encadre actuellement l'AMP [autre appellation de la PMA] de manière précise. Seuls les couples constitués d'un homme et d'une femme, que des raisons médicales empêchent de concevoir un enfant, peuvent y avoir accès. Mais d'autres demandes se font jour, notamment l'accès des couples de femmes à l'AMP. Une autre, liée aux avancées des techniques de congélation des ovocytes, concerne la possibilité pour les femmes de faire prélever et conserver leurs ovocytes afin de pouvoir envisager de recourir à l'AMP à un âge où leur fertilité sera compromise.

 

Plutôt que de traiter ces questions au cas par cas, nous avons décidé de nous saisir de la question globale de l'AMP. Nous pensons que cette question justifie une réflexion de fond de la société, qui pourrait prendre la forme d'états généraux.

 

Quelles sont les questions soulevées ?

 

La principale dépasse le cadre de l'AMP et concerne le rôle général de la médecine. La médecine doit-elle se limiter à prévenir et traiter des maladies, ou devrait-elle aussi répondre à des demandes sociétales ? L'Organisation mondiale de la santé définit la santé comme un état de bien-être physique, psychique et social. La santé c'est donc plus que l'absence de maladie : c'est du bien-être.

La médecine peut bien sûr y contribuer, mais elle ne peut, à elle seule, permettre de l'atteindre. L'âge de plus en plus tardif de la maternité, qui suscite la demande de prélèvement et d'autoconservation des ovocytes, a pour raison principale les contraintes sociétales imposées aux femmes : problèmes de garde d'enfant, difficulté de poursuivre une carrière en cas de maternité, etc.

 

Est-il souhaitable de tout demander à la médecine, plutôt que de faire en sorte que la société respecte les droits des femmes, dont celui de choisir le moment de leur maternité ?

 

La médecine permet depuis trente ans aux couples hétérosexuels stériles d'engendrer, ne leur a-t-on pas donné dès cette époque un droit à l'enfant ?

La médecine n'intervient pas en raison d'un droit à l'enfant, mais en réponse à un désir d'enfant qu'une stérilité ou une infertilité pathologique empêche de réaliser.

 

Quels sujets devraient être abordés par les états généraux ?

 

Il y a la demande d'AMP par des couples de femmes, par des femmes célibataires, par des couples d'hommes (avec demande d'accès à la gestation pour autrui), il y a la demande d'autoconservation des ovocytes... il y a aussi la demande de la levée de l'anonymat des donneurs de gamètes, qui resurgit régulièrement, et qui, dans le cas des couples de femmes, pourrait répondre au souci que l'enfant puisse avoir une référence à son père biologique.

Une autre question est celle du remboursement par l'assurance-maladie. Est-ce que des demandes sociétales autour de l'AMP devraient être prises en charge par la collectivité, ou devrait-on considérer, comme en Grande-Bretagne, qu'il ne s'agit pas d'un problème majeur de santé publique, en particulier en cette période de contrainte économique ? Et si tel était le cas, on créerait alors une discrimination par l'argent.

 

Pouvons-nous nous prononcer en ignorant le "tourisme procréatif" ?

 

L'Europe s'est construite sur des principes communs de respect de la personne, mais dans certains domaines concernant l'éthique biomédicale, les législations peuvent être très différentes, voire contradictoires. En même temps, il y a un droit de libre circulation des citoyens à travers l'Europe. Il faut donc réfléchir au fait qu'il est possible de traverser la frontière pour avoir accès à des pratiques interdites dans notre pays. 

L'important est de ne pas pénaliser les enfants : ce serait leur faire porter la responsabilité du comportement de leurs parents, comme cela a longtemps été le cas pour les enfants "illégitimes". Mais reconnaître leurs droits aux enfants nés à l'étranger par gestation pour autrui ne signifie en rien que l'on autorise en France la pratique qui leur a permis de naître.

 

La gestation pour autrui fera-t-elle partie de votre réflexion ?

 

Oui, en sachant que le CCNE a déjà émis en 2010 un avis négatif sur ce sujet, en raison du risque majeur d'instrumentalisation des femmes. Dans les pays où la gestation pour autrui est autorisée, les "mères porteuses" sont en général d'un niveau socioéconomique moins favorisé que les couples demandeurs. En dehors d'exceptions, auxquelles on pourrait réfléchir, les femmes les plus susceptibles de contribuer sont les plus pauvres et les plus vulnérables.

 

L'avis du CCNE est-il indispensable pour légiférer ?

 

Non. Mais la loi sur la bioéthique de 2011 prévoit que le CCNE demande d'initier des états généraux si une modification de cette loi est envisagée. L'ouverture de l'AMP à des indications sociétales nécessiterait une modification de la loi. Nous avons donc décidé, comme le veut la procédure, de consulter l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques et les commissions sociales de l'Assemblée nationale et du Sénat. Si des états généraux avaient lieu, ils rendraient probablement leurs conclusions à l'automne 2013.

 

Que pensez-vous du débat sur le mariage homosexuel ?

 

Je trouve qu'il ne laisse pas de place à la réflexion. Une des raisons de son caractère véhément est peut-être en partie liée au fait qu'il mêle la question de l'AMP à celle de la loi sur le mariage pour tous, favorisant ainsi une confusion entre deux domaines qui ne sont pas du tout du même ordre.

 Mais l'essentiel est ailleurs : nous avons une culture du débat qui se limite trop souvent à confronter, parfois violemment, des points de vue déjà établis. Dans d'autres pays, comme les pays d'Europe du Nord, la Grande-Bretagne, le Canada, le débat consiste au contraire en une écoute de l'autre et un dialogue, pour favoriser une réflexion collective originale qui dépasse le point de vue initial de chacun. C'est cette approche que nous menons depuis trente ans au CCNE, et qui a été conduite par les états généraux de la bioéthique durant l'été 2009. Cela demande de l'humilité, du respect, et du temps.

 

 
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30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 17:07

J'en reste parfois sans voix... De tout ce qui peut être dit et publié sur ces sujets qui nous touchent de près. Les chiffres, eux, font un peu mal... En 2010: plus de 139000 tentatives en PMA et 22400 naissances... Rangeons nos espoirs au placard... Rangeons aussi au placard nos espoirs que les gens comprennent qu'on ne parle pas simplement d'un fait de société et d'éthique lointaine mais de vrais gens qui souffrent...

Focus sur la PMA

Bien que la PMA devait être évincée du débat sur le mariage pour tous, selon la volonté du gouvernement, celle-ci reste un des sujets les plus prisés avec la gestation pour autrui. Les chiffres de l'activité actuelle de la Procéation Médicalement Assistée sont donc publiés plus que jamais. L'Agence France Presse dresse un état des lieux.

En France, 22 000 enfants naissent chaque année d'une PMA. Soit, 2,7% de l'ensemble des naissances. En 2010 la PMA "a donné lieu à 22 401 naissances, pour 139 344 tentatives éffectuées", selon les derniers chiffres disponibles.

L'Assistance médicale à la procréation, ou la Procréation Médicalement Assistée, "désigne tous les procédés permettant la fusion d'une ovule et d'un spermatozoïde par intervention médicale et non par relation sexuelle". Ces procédés sont les suivants :

- L'insémination artificielle, méthode la plus ancienne, "consiste à injecter des spermatozoïdes au moment de l'ovulation au niveau du col de l'utérus". La fécondation se fait alors in vivo. Et le sperme injecté peut-être congelé, issu d'un don de sperme.

-Les techniques de fécondation in vitro, qui existent depuis 1978, avec la naissance de Louise Brown, premier "bébé éprouvette". Il s'agit de recueillir des ovocytes par stimulation ovarienne, de les féconder avec des spermatozoïdes dans une éprouvette, de transférer certains embryons obtenus dans l'utérus de la femme et congeler les autres.

Il faut distinguer les fécondations in vitro classiques ( spermatozïdes et ovocytes sont mis en contact dans une éprouvette), et les fécondations avec intra-cytoplasmic sperm injection ( un spermatozoïde est directement injecté par manipulation dans chaque ovocyte fécondable).

l'Agence France Presse rappelle que la PMA est prise en charge à 100% par l'assurance maladie: Un maximum de six inséminations artificielles et de quatre fécondations in vitro "est pris en charge par la sécurité sociale avant le 43ème anniversaire de la femme ". L'Assurance Maladie considère en effet qu'il s'agit d'un traitement à l'infertilité.

Cependant, Najat Vallaud Belkacem, s'interrogeait sur BFMTV lundi 28 janvier : "Va-t-il falloir trouver à la PMA un autre nom?". Car puisqu'elle confirme à Jean-Jacques Bourdin que l'ouverture de la PMA aux couples homosexuels sera étudiée fin mars, et que "nous ferons en sorte que le texte soit voté avant fin 2013", la PMA changera de finalité. Henri Guaino, député UMP le rappelle : "On a autorisé la PMA pour des raisons médicales [liées à l'infertilité médicalement diagnostiquée d'un couple : ndlr]. On est dans le champ du médical, nous allons la faire passer [en l'ouvrant aux couples homosexuels: ndlr] dans le champ du social, ça change tout!".

Najat Vallaud Belkacem souhaiterait "aller jusqu'au bout de la logique" en rendant la PMA "ouvert à tous, et pas seulement aux couples stériles". Il faudrait alors, précise-t-elle revoir le remboursement pas la sécurité sociale.

 

Sources : AFP 28/01/13 - santé magazine 29/01/13- europe1.fr 28/01/13 - directmatin.fr 28/01/13

 

"Taubira ouvre la voie à la gestation pour autrui"

Alors que le débat sur le projet de loi "Taubira" sur le mariage pour tous a commencé hier à l'Assemblée Nationale, et que le gouvernement avait insisté pour reporter le sujet de la Procréation Médicalement Assitée (PMA) et évincer celui de la Gestation pour autrui, ils reviennent tous les deux sur le devant de la scène. C'est le Figaro qui sort l'information en plaçant la circulaire elle même dans le corps de l'article.

En effet, au moment même où François Hollande annonçait sa saisine du Comité Consultatif National d'Ethique (CCNE) vendredi dernier sur la PMA (cf synthèse de presse du vendredi 28 janvier), la garde des sceaux, Christiane Taubira, "envoyait une circulaire aux juridictions, leur demandant de "délivrer des certificats de nationalité française (CNF)" aux enfants nés à l'étranger d'un père français et d'une mère porteuse".

La circulaire en date du 25 janvier a pour objet :"délivrance des certificats de nationalité française- convention de mère porteuse - Etat civil étranger", et pour date d'application :"immédiate". Elle recommande "lorsqu'il apparaît avec suffisament de vraissemblance qu'il a été fait recours à une convention portant sur la procréation ou la gestation pour le compte d'autrui", de "veiller à ce qu'il soit fait droit" à de telles demandes, "dès lors que le lien de filiation avec un Français résulte d'un acte détat civil étranger probant au regard de l'article 47 du Code Civil".

Le moment "est mal choisi" pour une "décision surprise" qui ressemble bien à "un début de marchange entre le gouvernement et les verts". Cette circulaire "était une des revendications des familles homoparentales" explique la présidente des Enfants d'arc en ciel, membre de l'Inter-LGBT, elle représente "un engagement fort" du gouvernement. En face les réactions sont vives. "Ce n'est qu'une nouvelle preuve du double langage de Mme Taubira et du gouvernement" s'insurge Daniel Fasquelle, député UMP du Pas de Calais et professeur de droit "le gouvernement avance masqué depuis le départ [...] alors qu'il jure qu'il ne saurait être question d 'accepter la PMA et la GPA, c'est tout l'inverse dans les faits..." poursuit-il comparant le projet Taubira à "une vente à la découpe". Il veut connaître "dès maintenant les intentions réelles du gouvernement".

Le ministère de la justice se défend "avec un certain embarras" : "il ne s'agit en aucun cas d'une légalisation de la GPA". Bartolone, président de l'Assemblée Nationale défend la circulaire en "récusant toute hypocrisie du gouvernement". Il soutient "la régularisation de ces enfants [nés par GPA à l'étranger: ndlr] qu'il qualifie de "fantômes de la République" et rappelle "sa ferme opposition à la GPA an nom du refus de la "marchandisation des corps".

Pourtant Daniel Fasquelle voit dans la circulaire une "forme de légalisation en douce de la gestation pour autrui [...] on [la] régularise et on [l'] encourage". "Ce ne sont plus seulement les droits de l'enfant que l'on viole mais aussi ceux de la personne humaine. Car la GPA est une forme de location du coprs humain" poursuit-il. Clothilde Brunetti-Pons, maître de conférence à l'université de Reims (Mrne) confirme : "il s'agit d'une atteinte très claire au principe de prohibition des mères porteuses [...] La ministre de la justice est en train de contourner la jurisprudence de la Cour de Cassation [...] qui avait refusé que la filiation des enfants soit établie en France à l'égard des intérressés, et notamment du père biologique, parce qu'il y avait violation du principe d'ordre public prohibant la GPA."

Le journaliste rappelle les termes de la loi française qui condamnent fermement la GPA :"toute convention portant sur la [GPA] est nulle" (article 16-7 du code civil) et la sanctionnent :"le fait, dans un but lucratif, de s'entremmettre entre une personne désireuse d'adopter un enfant et un parent désireux d'abandonner son enfant né ou à naître est puni d'un an d'emprisonnement et de 150 000 euros d'amende".

Le patron des députés UMP, Christian Jacob demande "le retrait immédiat de cette circulaire, qui est illégale".Pour lui François Hollande commet une "double faute" : "une faute morale, [car] il a sciemment menti aux français, il a toujours annoncé qu'il s'opposerait à la légalisation de la GPA à l'étranger [...] et une faute politique, car on ne peut accepter que par voie de circulaire, on piétine la loi".

 

Sources : Le Figaro 30/01/13 (Stéphane Kovacs) - Le Monde.fr 30/01/13 - Le Parisien 30/01/13- www.rue89.com

 

 
Mariage pour tous: PMA et GPA, les invitées indésirables du débat

L'Express, Par Marie Simon, publié le 30/01/2013 à 13:29, mis à jour à 14:19

 

Le débat sur la procréation médicalement assistée et sur la gestation pour autrui aura bien lieu... Et plus tôt que le gouvernement ne l'aurait souhaité, pour ne pas parasiter celui sur le mariage et l'adoption pour tous. Explications.

 

Mariage pour tous: PMA et GPA, les invitées indésirables du débat

La circulaire Taubira autorisant l'accès à la nationalité aux enfants nés de mères porteuses à l'étranger relance les soupçons sur l'hypothétique volonté du gouvernement d'aller plus loin que le mariage et l'adoption pour tous, plus loin aussi que la procréation médicalement assistée pour les couples de femmes, en autorisant la gestation pour autrui aux couples d'hommes.

PMA et GPA. Ces six petites lettres font beaucoup de bruit. Elles désignent la procréation médicalement assistée (PMA) et la gestation pour autrui. Deux sujets sensibles, dont le gouvernement et la majorité parlementaire auraient souhaité faire l'économie, dans le cadre du débat sur le mariage et l'adoption pour tous. Economie temporaire pour la PMA, économie totale pour la GPA. Mais c'était sans compter sur une opposition chauffée à blanc, des écologistes impatients ou encore une circulaire qui vient cogner avec l'actualité du moment...

D'abord annoncée dans un amendement lié au projet de loi actuellement en débat à l'Assemblée nationale, la question de l'ouverture de la PMA aux couples de femmes a finalement été repoussée. Le gouvernement et le groupe socialiste dirigé par Bruno Le Roux ont finalement fait le choix de dissocier ce point du texte actuel pour l'accrocher à l'examen d'un futur texte plus vaste sur la famille. Une stratégie interprétée comme un recul tactique, peu avant la "manif pour tous" du 13 janvier, alors même qu'une partie des députés socialistes, dont leur chef de file, n'avaient pas ménagé leurs efforts jusque là pour promouvoir cet amendement...

"Sur la PMA, ils ont fait trois conneries"

Ce mardi, Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, voulait croire que l'hémicycle saurait "attendre un débat à part entière d'ici quelques mois", sur un nouveau texte qui constitue un "meilleur véhicule législatif". Histoire, surtout, de ne pas parasiter le débat en cours. En effet, si l'opinion publique soutient majoritairement le mariage pour tous dans la plupart des sondages menés depuis des mois, elle est plus partagée sur l'adoption pour tous et très réservée, voire hostile à la PMA pour les couples de femmes.

Le premier jour de débat, ce mardi, a plutôt démontré l'impatience de l'hémicycle... Les députés EELV qui menaçaient de déposer leur propre amendement PMA si les députés PS faisaient marche arrière sont bien passés à l'acte. Et dès que la socialiste Marie-France Clergeau, membre de la commission des affaires sociales, a prononcé les trois petites lettres qui fâchent à la tribune, pour dire combien elle y était "attachée", les députés de droite sont montés au créneau. "Ils ont fait trois conneries sur la PMA: parler d'un amendement PMA, puis l'enlever, puis brandir un nouveau texte sur la famille", résume un député UMP.

Président du groupe UMP à l'Assemblée, Christian Jacob dénonce une "tromperie" du gouvernement qui avancerait "masqué". Et qui mettrait le doigt dans un "mécanisme infernal" menant à la GPA généralisée à tous les couples, ajoute le député UMP déjà mentionné. "Puisqu'on élargirait la PMA aux couples de femmes au nom de l'égalité avec les hétérosexuels, alors au nom de l'égalité entre hommes et femmes, il faudrait autoriser la GPA aux couples d'hommes, par compensation. Puis toujours au nom de l'égalité, cette fois entre homosexuels et hétérosexuels, il faudra permettre aux hétérosexuels de recourir à la GPA aussi...", détricote-t-il.

 

Une circulaire liée à la GPA qui tombe mal

Ce mercredi, "les masques tombent", estime Bruno Lemaire après la parution d'une circulaire de Christiane Taubira demandant aux tribunaux de ne plus refuser la délivrance de certificats nationalité française au seul motif qu'ils concernent des enfants nés de mère porteuse à l'étranger. Sur Twitter, le slogan des "anti" du 13 janvier revient: "Nos ventres ne sont pas des caddies!" Et deux députés UMP, Guillaume Larrivé et Daniel Fasquelle, ont annoncé qu'ils allaient saisir le Conseil d'Etat sur ce texte "scandaleux", via "un recours pour excès de pouvoir".

Cette circulaire parue vendredi au Journal officiel mais qui ressurgit dans l'actualité ce mecredi n'est "pas une reconnaissance de la gestation pour autrui", répètent sur tous les tons les ministres. "Le gouvernement et le président sont opposés à la GPA" qui ne sera légalisée "ni dans ce texte ni dans les textes à venir", insiste notamment Alain Vidalies, ministre délégué aux Relations avec le Parlement. Il s'agit seulement de régulariser des "fantômes de la République", minimise Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale, sur l'antenne de RTL. Et le PS de dégainer un communiqué de "désintox" à ce sujet...

Mais rien n'y fait, la GPA, comme la PMA, se sont immiscées dans les débats sur le mariage et l'adoption pour tous. Il y a désormais ceux qui demandent le retrait de cette circulaire, comme Christian Jacob... et ceux qui "exigent le renvoi du débat" entier sur le mariage homosexuel, comme le député UMP Hervé Mariton. Au temps pour ceux qui souhaitaient des échanges "apaisés" au Parlement.

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28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 17:31

 

Grand cafouillage autour de la PMA et de la GPA. Ecoeurant...

Avec en vrac sur la PMA: la France qui se divise sur le sujet entre mariage pour tous et pour personne, désir d'enfant, droit à l'enfant, convenance personnelle ou exigence médicale et patati et patata... Mais il y a un truc qui ne passe pas pour moi: pourquoi la GPA est-elle vue seulement comme un recours pour les homos (hommes donc) et pas comme un moyen pour un couple hétéro d'avoir un enfant en cas de pb médical ? Hein pourquoi occulte-t-on systématiquement ce point de vue là pourtant bien réel à l'heure des cancers de l'utérus, des malformations distilbène & co ? Dans tous les débats (que je n'ai pas trop suivi de près j'avoue), je n'ai jamais entendu parler de la GPA comme moyen de permettre une grossesse avec les gamettes des parents homme et femme ? Mais juste comme un moyen pour les homos hommes d'avoir un enfant en couple. Pourquoi ?

 

Sur la GPA: d'un côté, l'Inde qui durcit son protocole et l'interdit pour les couples non mariés et les homos. De l'autre, la France qui, hypocrisie quand tu nous tiens, envisage de "reconnaitre" les enfants nés par GPA à l'étranger... tout en continuant à interdire la pratique au nom de l'éthique ! Alors on reconnait mais on continue à interdire ? Et pourquoi pas tout simplement autoriser sous conditions médicales pour le bonheur de tous (futurs enfants et parents et ceux qui galèrent actuellement soit médicalement soit administrativement) ? Non cela serait trop simple, trop humain, trop juste.

 

La PMA sème la zizanie

François Hollande a annoncé vendredi 25 janvier au président de l'Unaf, François Fondard, qu'il saisirait le Comité Consultatif National d'Ethique (CCNE) au sujet de l'ouverture de la PMA au couple homosexuel de femmes.
On savait déjà que l'executif avait obtenu que ce sujet sensible soit abordé non plus dans le projet de loi sur le mariage des personnes de même sexe, mais dans le cadre d'une autre loi sur la famille présenté en conseil des ministres le 27 mars prochain, date confirmée par la ministre déléguée à la famille Dominique Bertinotti. Certains députés écologistes, ainsi que Marie-Georges Buffet, méfiants des promesses de François Hollande, ont tout de même décidés de déposer quelques amendements parmis les 5 362 enregistrés, sur l'ouverture de la PMA aux couples homosexuels de femmes. 
L'annonce de la saisine du CCNE a deux mois du dépôt du texte semble s'inscrire dans un "agenda intenable" d'autant plus lorsque le sujet divise autant la majorité, les experts, et l'opinion. Jean-Claude Ameisen, président du CCNE, confirme que "le délai semble bien court" surtout lorsque l'on prend en compte que le CCNE doit rendre ses reflexions sur la fin de vie dans trois mois. Il aurait été aussi "plus logique de réfléchir d'abord au sujet dans sa globalité" mentionne-t-il. Cependant le 24 janvier, le CCNE a décidé de s'auto saisir du sujet global de la PMA qui regroupe l'élargissement de son accès aux couples homosexuels, mais aussi la question de la vitrification ovocytaire, ainsi que celle du maintien de l'anonymat du don de gamètes. "Le Comité d'éthique souhaite une reflexion globale sur le sujet" précise son président, car les techniques de la PMA "ne sont plus utilisées pour répondre à des demandes médicales classiques mais à des demandes sociétales". Or les demandes de convenances personnelles doivent-elles être prises en charge par l'assurance maladie? Dans cette perspective de reflexion, le CCNE "va demander l'organisation d'états généraux de la bioéthique". Bien que Jean-Claude Ameisen rappelle que le rôle du CCNE est purement consultatif, il déplore que "la manière dont coexistent les différents niveaux de réflexion [en France] n'est pas très avancée, et précise que les Etats généraux de 2009 s'étaient prononcés contre l'ouverture de la PMA aux couples homosexuels, car au nom du principe d'égalité, celle-ci ouvrirait immanquablement à la gestation pour autrui (GPA)"
Christian Jacob, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, dénonce une vraie tromperie du gouvernement. Depuis le mois d'octobre il sollicitait la consultation du CCNE. Le faire quatre jours avant le débat "dénote un mépris pour le Parlement". Il espère qu'en si peu de temps, le CCNE "pourra travailler en toute indépendance".
Les avis sur le sujet sont encore très divisés, et créent des tensions politiques importantes. "C'est un peu les sables mouvants" résume un député socialiste, "qui, après tout, veut vraiment la PMA?" Manuels Walls, ministre de l'intérieur s'y est clairement opposé. Les arguments pour ou contre continuent bon train. Les sages, eux, avaient déjà pris position en 2005 considérant qu'une telle ouverture de l'AMP constituerait un "excès de l'intérêt individuel sur l'intérêt collectif. La médecine serait convoquée pour satisfaire un droit à l'enfant".     
De son côté, l'Académie nationale de médecine a délivré un communiqué de presse annonçant la diffusion prochaine d'un document de synthèse portant sur la PMA, et la GPA dans le cadre du projet de loi du mariage des personnes de même sexe en précisant que :" L'Académie nationale de médecine tient à attirer l'attention sur les conséquences que les dispositions actuelles du projet de loi pourraient entraîner, en matière de santé publique, du fait de la disparition prévisible des repères de parenté et de filiation [...] dans un cadre stristement médical".

Sources :  Le Point.fr 25/01/13 - Le Monde 26/01/13 (Hélène Bekmezian/ Laetitia Clavreul/Thomas Wieder) - La Croix 28/01/13 (Bernard Gorgce/ Marine Lamoureux) - Le Figaro 28/01/13 (Agnès Leclair) - Libération 26-27/01/13

 

Najat Vallaud-Belkacem et la gestation pour autrui (GPA)

La ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem l’a répété ces derniers jours à plusieurs reprises : "pas question d’autoriser la gestation pour autrui après le mariage pour tous". Pour elle, "la gestation pour autrui est interdite pour les couples hétérosexuels, il n’y a donc aucune raison qu’elle le soit pour les couples homosexuels". Pourtant en novembre 2010 elle exprimait déjà un avis favorable à la GPA dans "une note publiée par la fondation Terra Nova : 'La GPA pourrait être un instrument supplémentaire au service de la lutte de l’infertilité […] gratuit et strictement encadrée' " et précisait que "les arguments en défaveur de la gestation pour autrui [péchaient] par leur caractère trop dichotomique et systématique". Elle conforte son point de vue dans son blog où "elle se définit pour la GPA". Pendant ce temps, en Californie, Elton John vient de "recevoir" son second enfant née d’une mère porteuse américaine rémunérée 20 000 livres.

Sources : Valeurs actuelles 24/01/13 - France 2 (émission "mots croisés") 14/01/13

 

Christiane Taubira réfléchit à la transcription à l'état civil des actes de naissance des enfants nés à l'étranger par GPA

Ce mercredi, la ministre de la Justice, Christiane Taubira, a précisé qu'elle était en train de " 'réfléchir' à la question de la transcription à l'état civil français des actes de naissance d'enfants nés à l'étranger par mère porteuse [ou gestation pour autrui (GPA)], difficile en pratique, lors du débat en commission sur le mariage gay". A ce titre, elle a déclaré: "Je fais étudier les procédures possibles de façon à ce qu'éventuellement soit à 16 ou à 18 ans (...) nous puissions faire procéder, peut être automatiquement ou par procédure allégée, à la transcription de l'acte de naissance sur le registre d'état civil", ajoutant que "pour l'instant" elle n'avait "pas de réponse satisfaisante".

 En outre, elle a annoncé qu'elle avait préparé " 'une circulaire pour les tribunaux d'instance, afin de faciliter la délivrance des certificats de nationalité' " dans ces situations.

A ce jour, la justice française n'est pas homogène dans ce domaine. En effet, "la cour d'appel de Rennes a validé en février 2012 la transcription à l'état civil français des actes de naissance de jumeaux nés en Inde en 2010 de mères porteuses par un couple de Français", alors même que la Cour de cassation avait précédemment "jugé le contraire pour des jumelles nées de mères porteuses aux Etats-Unis".

"Plusieurs députés PS et notamment le rapporteur PS du texte [ouvrant le mariage aux couples de même sexe], Erwann Binet, ont plaidé pour une évolution mais en expliquant que le texte sur le mariage n'était 'pas le bon véhicule législatif', renvoyant au texte sur la famille" prévu par le gouvernement en mars prochain. Pour les députés UMP, permettre la transcription à l'état civil de l'acte de naissance des enfants nés à l'étranger par GPA est "une porte ouverte à la GPA".

Sources : Leparisien.fr 16/01/13 - France24.com 16/01/13

 

L'inde interdit le recours aux mères porteuses pour les couples homosexuels étrangers

Depuis fin 2012, en Inde, de nouvelles règles ont été transmises aux ambassades étrangères concernant la pratique des mères porteuses, interdisant "le recours à une mère porteuse par les couples homosexuels ou les célibataires étrangers".

Plus précisément, la nouvelle législation prévoit que "les couples étrangers souhaitant avoir recours à une mère porteuse en Inde doivent être 'un homme et une femme, mariés, ensemble depuis au moins deux ans' ". En outre, "la demande de visa autorise l'entrée dans le pays des parents adoptant le bébé né d'une mère porteuse en Ide, afin d'éviter que ces enfants ne se retrouvent ensuite victime d'un vide juridique". Enfin, "les couples devront également demander un visa médical, et non plus un visa touristique".

En Inde, un projet de loi pour règlementer la pratique des mères porteuses serait en préparation et pour certains, "le manque de législation dans ce domaine encourage une économie de 'l'utérus à louer' et facilite l'exploitation des femmes les plus pauvres". Selon les experts, "le nombre d'Indienne ayant tenu le rôle de mère porteuse contre rémunération n'est pas connu, mais il est en plein essor".

 

Sources : Lemonde.fr 18/01/13 - lci.tf1.fr 18/01/13 - leparisien.fr 18/01/13

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16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 16:10

Oui je me suis autorisée ce raccourci de l'homo-PMA, parce que je suis fatiguée d'écrire aujourd'hui ! Quoi qu'il en soit, l'avis d'un professionnel, directeur de CECOS, sur la question. Encore un qui se dit totalement opposé à la GPA, comme si le diable était en la GPA (et non pas en Prada, ahhahha !)

 

Le directeur d'un Cecos se dit réticent au projet de loi ouvrant la PMA aux couples de femmes

 

Dans une interview accordée au quotidien Le Figaro, le professeur Jean-Philippe Wolf, directeur du Centre d'études et de conservation des oeufs et du sperme humains (Cecos) de l'hôpital Cochin à Paris, se dit réticent au projet de loi visant à ouvrir la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes. A ce titre, il interpelle sur plusieurs points: "les homosexuels, en général, ont-il un droit à l'enfant comme on peut avoir un droit au logement ? Doit-on ensuite employer des moyens médicaux hypersophistiqués pour créer un enfant répondant à ce désir, quitte à le placer d'emblée dans une situation un peu bancale? Créer de façon expérimentale un enfant avec 'deux mamans' ?". Il explique: "depuis la première banque du sperme en 1973, la naissance d'Amandine, premier bébé né d'une fécondation in vitro en 1982, nous, médecins, avons l'impression d'être des magiciens. Nous 'fabriquons du bonheur' ". Il ajoute: "cela s'est passé avec le don de sperme, on a mis de beaux bébés au monde qui ont maintenant 25 ans et nous posent des questions".

A la question de savoir ce qu'il pense des femmes homosexuelles qui décident d'aller "faire un bébé" dans les pays européens où cela est possible, le directeur du Cecos répond que "ce n'est pas parce qu'un 'PMA business' s'est développé en Belgique, en Espagne ou ailleurs, qu'il faut faire pareil". Tout en précisant bien qu'ils ne considère pas comme des "monstres" ses collègues médecins qui réalisent des PMA dans ces pays, le Pr Jean-Philippe Wolf explique cependant que ces derniers "répondent à une demande, ils ne se placent pas sur le terrain éthique", précisant que par la suite, "les homosexuels vont réclamer le même droit, c'est-à-dire la gestation pour autrui" à laquelle il se dit "totalement opposé". En effet, "que se passera-t-il si la femme meurt en couche? Qu'arrive-t-il si l'enfant est trisomique et que personne n'en veut? Quelles répercutions pour les enfants de la mère porteuse qui la verront enceinte? Sans compter que lorsque l'on paie les gens, on ouvre la porte à toutes les dérives", citant, à titre d'exemple, "un bébé qu'une mère porteuse avait voulu vendre au plus offrant sur internet? ".

Enfin, interrogé sur son opposition à la levée de l'anonymat en matière de don de sperme, le Pr Jean-Philippe Wolf se justifie en effectuant un parallèle avec le système du don du sang. En effet, dans le cadre du don du sang, il rappelle que "le principe est qu'une personne sauvée par une transfusion ne doit pas savoir qui l'a sauvée car elle ne pourra jamais rembourser une telle 'dette'. On ne rembourse pas une personne qui vous a sauvé la vie". A propos du don de sperme, il poursuit en mentionnant qu "il faut aussi savoir que le mouvement voulant imposer la fin de l'anonymat pour les dons de sperme est extrêmement minoritaire. Dans les pays où l'on peut connaître l'identité du donneur, rares sont les personnes qui usent de ce droit. En Grande-Bretagne, 10% des gens demandent et seul 1% va au bout des démarches".

 

Sources : Le Figaro (Marie-Amélie Lombard-Latune) 16/01/13 / Genéthique

 

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9 janvier 2013 3 09 /01 /janvier /2013 20:45

Le débat continue. Mais une chose me choque toujours autant, peut-être parce que cela me concerne: pourquoi une telle crispation autour de la gestation pour autrui ? Comment parler d'égalité alors qu'on refuse de donner une solution aux femmes qui ne peuvent pas assurer une grossesse (pour raisons médicales bien sûr). Alors que l'ICSI et le don (ovocytes ou sperme) permettent de pallier aux autres problèmes d'ordre biologique. N'est ce pas injuste ? Et pourquoi est ce seulement quand on aborde la question du mariage pour tous et de la PMA pour les homos que cette question se pose ? Les femmes qui n'ont pas ou plus d'utérus ou un utérus malformé ne permettant pas de mener une grossesse à terme sont elles moins importantes ? Egalité, tu repasseras...

En attendant ce soir, je m'en vais regarder le film/documentaire sur l'histoire (vraie) d'un couple qui a eu recours à la GPA avec tous les ennuis associés... Aurait on diffusé sur une "grande" chaîne un tel film sans le débat lié aux mariage gay ??

 

L'ouverture de la PMA aux couples de femmes homosexuelles mariées pose de véritables questions éthiques

 

Au coeur du débat sur le mariage homosexuel, la question de l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes homosexuelles mariées fait polémique. Au-delà des clivages politiques, il s'avère que la question "heurte de plus en plus profondément une grande majorité des français" et certains expriment des réserves d'ordre éthique.

Actuellement, la PMA est réservée aux couples hétérosexuels et a pour finalité de "remédier à l'infertilité dont le caractère pathologique a été médicalement diagnostiqué ou à éviter la transmission, à l'enfant ou à un membre du couple, d'une maladie d'une particulière gravité". Pour le docteur Chadi Yazbeck, gynécologue-obstétricien et responsable clinique du centre d'assistance médicale à la procréation de l'hôpital Bichat (Paris), en ouvrant la PMA aux couples de femmes, "on passerait d'une médecine de soins à une pratique satisfaisant des demandes personnelles ou de convenances", considérant dès lors comme souhaitable que "les médecins puissent faire valoir une clause de conscience pour refuser des actes contraires à leur éthique, comme cela existe déjà pour l'interruption volontaire de grossesse (IVG)". En outre, Dominique Deschamp-Mini, avocate, spécialiste en droit de la santé, précise que "des femmes en couples hétérosexuels pourraient aussi prétendre à bénéficier, la quarantaine passée, du don d'ovocyte d'une femme plus jeune, afin d'augmenter les chances de survenue d'une grossesse".

Par ailleurs, la question de l'accès à la PMA pour les couples de femmes mariées fait émerger d'autres problématiques comme celle de l'anonymat du don de gamètes. L'autoriser pourrait avoir pour conséquence "un nombre toujours plus grand d'enfants [privés] de la connaissance d'une partie de leur origine biologique".

Dominique Foyer, professeur de théologie morale à l'Université catholique de Lille, admet que "la souffrance de ne pas avoir d'enfant est réelle" et qu' "il ne faut pas la minimiser". Cependant, ajoute-t-elle, "elle ne donne pas de droits particuliers, et surtout pas le droit de disposer de l'existence d'un enfant dès avant sa naissance". Ainsi, le journaliste précise que c'est à ce niveau que "réside sans aucun doute l'objection éthique la plus forte" à savoir: "priver d'emblée un enfant d'une partie de sa filiation. Car les premiers concernés par ces enjeux seront les enfants, conçus au sein d'un couple de femmes avec le sperme d'un donneur anonyme".

Geneviève Delaisi de Parseval, psychanalyste et accompagnatrice de couples hétérosexuels et homosexuels, favorable à une levée de "l'anonymat des tiers procréateurs", précise: "que les parents soient hétéros ou homos, ne change gère la donne", sauf, précise-t-elle cependant, "à l' exception peut-être d'un passage délicat à l'adolescence pour les enfants de parents homosexuels". Par ailleurs, elle ajoute que "de la complexe gestion psychologique par la famille de la bombe à retardement que peut constituer un secret de famille et/ou la filiation, [dépend] la vie psychique de l'enfant".

Pour l'association française Procréation médicalement anonyme, qui regroupe des enfants de couples hétérosexuels issus d'un don de gamète, il faut ici faire prévaloir le principe de précaution. Audrey Gauvin, présidente de l'association précise: "envisager l'accès à l'assistance médicale à la procréation pour de nouveaux couples, de nouvelles formes de parentalité, nous paraît insencé à ce stade: tirons au préalable les leçons du passé". 

Enfin, ouvrir la PMA aux couples de femmes "risque d'ouvrir la porte à la légalisation de la grossesse pour autrui (GPA)", aujourd'hui interdite en France. En effet, l'article 16-7 du Code civil précise: "Toute convention portant sur la procréation ou la gestation pour le compte d'autrui est nulle". Or, "à partir du moment où l'on ouvre la PMA aux couples de femmes, les couples d'hommes mariés vont réclammer la légalisation de la GPA, faisant valoir l'argument d'égalité" explique l'avocate Dominique Deschamps-Mini. En tant que médecin, le docteur Chadi Yazbeck s'alarme également: "le principe des mères porteuses est unhumain [...]. Les études mettent en lumière les interactions précoces entre la mère et le foetus: le lien mère-enfant ne doit pas être rompu à la naissance". De plus, précise-t-il "c'est la porte ouverte à la marchandisation du corps des femmes, qui plus est souvent en grande detresse".

La semaine dernière, le Premier ministre a annoncé que l'amendement sur l'ouverture de l'assistance médicale à la procréation aux couples de femmes mariées "pourrait finalement être 'renvoyée' dans un projet de loi sur la famille" qui pourrait être présenté en mars prochain en Conseil des ministres.

 

Sources : Pèlerin (Timothée Duboc) 10/01/13 - Libération (Geneviève Delaisi de Parceval) 09/01/13 - Le Figaro (Agnès Leclair) 09/01/13 - Libération 08/01/13

 

Jean-François Mattéi soulève les paradoxes du projet de loi sur le mariage homosexuel

Le Figaro publie une tribune du philosophe Jean-François Mattéi, dans lequel celui-ci soulève trois principaux paradoxes dans le projet de loi sur le mariage homosexuel.

Premier paradoxe du projet de loi, celui "de l'imitation". A ce titre, Jean-François Mattéi explique que "ce prétendu droit au mariage et ce supposé droit à l'enfant, créances tirées sur une société qui n'en retire aucun bénéfice, proviennent de ce que René Girard a qualifié de 'crise mimétique'. Le désir triangulaire met cette fois en scène le couple homosexuel, le couple hétérosexuel et l'enfant désiré". Mais, précise le philosophe, "comme [l'enfant] ne peut être conçu que par l'union d'hétérosexuels dont la différence est féconde, les homosexuels dont l'identité est stérile compenseront leur impuissance en imitant les précédents". Ainsi, "les moyens détournés pour élever des enfants feront appel à la procréation médicalement assistée (PMA), à la gestation pour autrui (GPA) qui nécessite l'usage du sperme d'un donneur et la location du ventre d'une mère porteuse, où à l'adoption d'un enfant déjà né d'un homme et d'une femme". "Dans tous les cas [poursuit-il], le modèle homosexuel restera sous la dépendance du modèle hétérosexuel".

Deuxième paradoxe du projet de loi, celui de la "parenté". Ici, Jean-François Mattéi explique qu' "avec cette nouvelle norme maritale, imposée par des minorités, la famille homoparentale sera privée d'aspect procréatif". En effet précise-t-il, "les adultes homosexuels seront à tort nommés 'parents', le terme parens étant issu du verbe pario, 'accoucher, enfanter', alors qu'ils ne peuvent engendrer sans l'intervention sexuée, et non gendrée, d'un tiers homme ou femme, ce qui fait trois personnes, ou d'un autre couple dont la femme portera l'enfant, ce qui fait maintenant quatre personnes". Ainsi, "la neutralisation des différences sexuelles entraînera la neutralisation de tous les status généalogiques et la privation de tous les repères de la filiation: la parentalité l'emportera sur la parenté".

Troisième paradoxe du projet de loi, celui de "l'enfant". Par ce dernier élément, Jean-François Mattéi explique qu'il est très peu fait attention à "l'intérêt supérieur de l'enfant", [...] "tant le désir de l'adulte est devenu despotique, il ne concerne plus qu'un produit médicalement et socialement déterminé".

Par conséquent, termine-t-il, "avec la dissociation de la sexualité et de la procréation, nous entrons dans un monde de stérilité dans lequel l'enfant, devenu une denrée rare, sera pris dans le cycle économique de la marchandise. Le malheur se déclinera demain sous des formes juridiques plus subtiles qu'auparavant. Mais il concernera toujours l'être humain conçu comme un moyen, et non comme une fin, c'est-à-dire selon les cas, comme un objet bien ou mal nommé".

 

Sources : Le Figaro (Jean-François Mattéi) 10/01/13

 

L'amendement sur la PMA ne sera pas déposé lors de l'examen du projet de loi sur le mariage homosexuel

Ce mercredi 9 janvier, "les députés socialistes ont décidé [...] de ne pas déposer d'amendement sur la PMA (procréation médicalement assistée) dans le cadre de l'examen du projet de loi sur le 'mariage pour tous' ", le 29 janvier prochain. Cependant, comme le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, l'avait laissé entendre début janvier, "un article sur la PMA sera introduit par le gouvernement dans le projet de loi sur la famille qui sera présenté en mars prochain". Par conséquent, "la PMA pourrait concerner non seulement les couples de femmes homosexuelles, mais aussi les femmes célibataires".

Mais une question a émergé, celle de savoir si "les projets du gouvernement ouvrant de nouveaux droits aux homosexuels [...] [notamment concernant la PMA] pourraient-être censurés par le Conseil constitutionnel?". Alors que la PMA est aujourd'hui uniquement autorisée pour les couples hétérosexuels connaissant des problèmes de fertilité, ou qui présentent un risque de transmission d'une maladie grave à un enfant, l'ouvrir aux couples de femmes supprimera la condition médicale, "créant ainsi une forme 'd'injustice' avancent certains, puisque les femmes hétérosexuelles n'y ont accès que dans un but thérapeutique alors que les lesbiennes pourront y avoir recours comme elles le souhaitent". L'article poursuit: "une femme hétérosexuelle pourrait ainsi vouloir 'avoir un bébé quand elle veut comme elle veut' et se voir refuser la PMA à laquelle une homosexuelle aura, elle, droit". Ainsi, plusieurs juristes expliquent que "le principe d'égalité devant la loi serait alors méconnu [...] quand d'autres rappellent qu'un autre principe du droit est que 'des situations différentes peuvent être traitées de façon différentes' ".

Mais la question de la PMA appelle une autre question, celle de la gestation pour autrui (GPA). En effet, si "le gouvernement est claire sur ce point: la gestation pour autrui restera interdite en France", les tenants du parallélisme des droits considèrent quant à eux que "le fait d'ouvrir la PMA aux homosexuelles doit automatiquement permettre la GPA pour les gays, sauf à créer une situation d'inégalité", qui serait "donc inconstitutionnelle".

De ces problématiques, il semble ressortir que la question du mariage homosexuel est "un sujet finalement plus éthique et philosophique que strictement juridique: légaliser la PMA pour les homosexuelles revient à sortir d'une logique biologique de la reproduction pour entrer dans l'ère de la procréation artificielle".

 

Sources : Le Point.fr 09/01/13 - tempsreel.nouvelobs.com (Baptiste Legrand) 09/01/13 - Le Quotidien du Médecin.fr 09/01/13 - Le Figaro (Marie-Amélie Lombard) 10/01/13 - Libération (Laure Bretton - Catherine Mallaval) 10/01/13

 

 

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8 janvier 2013 2 08 /01 /janvier /2013 17:18

Autoconservation ovocytaire de convenance: et vous, vous en pensez quoi ?

Moi je suis d'accord avec le fait qu'il n'y a pas de raisons que cela soit remboursé (PMA remboursée ssi infertilité médicale) mais si les unes et les autres veulent le faire, libre à elles, c'est leurs ovocytes et leurs corps (et une ponction ça n'amuse personne, non ?) ! Mais il y a bémol, comme le dit le gynéco: à l'âge où il faudrait le faire, on n'y pense pas, on a le temps, pas encore envie d'un enfant, on ne sait pas encore avec qui en plus. Alors c'est un débat un peu vain (stérile ? ah ah ah...)

 

Réactions suite à la récente déclaration du CNGOF, favorable à "l'autoconservation ovocytaire sociétale"

Revue de presse Genethique

 

Alors que le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) s'est récemment exprimé en faveur de l'autoconservation des ovocytes pour convenance personnelle (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 13/12/12), des réactions émergent.

"S'il fallait permettre à chaque femme et à chaque homme de conserver pour le confort leurs cellules reproductrices, beaucoup craignent que l'intention se heurte à des soucis logistiques, sans compter la question du coût". Ainsi, la député UMP Valérie Boyer, une des rédactrices des dernières lois de bioéthiques, précise que "la Sécurité sociale ne prend en charge que les actes médicaux, c'est un de ses fondements. Il faudrait donc imaginer que les personnes elles-mêmes paient pour l'autoconservation de leurs gamètes. Cela créerait forcément des inégalités".

Pour le gynécologue François Olivennes, une autre question se pose, celle de l'anticipation: "les jeunes femmes n'auront pas le réflexe de faire congeler leurs ovocytes, comme elles ne se projettent pas nécessairement toutes dans la maternité. Elles le feront à 35 ans passés, où les taux de succès d'une ponction d'ovocytes et d'une AMP [assistance médicale à la procréation] sont de l'ordre de 60%".

Pour ce qui est des conditions dans lesquelles la technique de l'autoconservation des ovocytes pourrait être autorisée, les acteurs de l'AMP considèrent que celle-ci est un "espoir" qui "doit être encadré et organisé". A ce titre, "le CNGOF a lancé un groupe de travail pour tenter de définir l'âge limite auquel 'une grossesse pourrait être induite par ce procédé", car, explique Véronique Fournier, directrice du centre d'éthique clinique de l'hôpital Cochin, "à partir du moment où une technique est disponible, les femmes vont la demander. Elles pourraient faire leur 'propre cuisine' et séparer une fois pour toute leur vie sentimentale, conjugale, et maternelle". Enfin, un dernier point reste à soulever, celui des questions éthiques, qui, toujours selon Véronique Fournier, "ne manqueront pas de se poser derrière".

Enfin, l'article précise que "l'Agence de la biomédecine n'a pas souhaité se prononcer sur la proposition des gynécologues" car selon elle, "ce serait sortir de son rôle de garante de l'éthique médicale limité [...] aux pratiques existantes".

 

Sources : Libération (Anna Cuxac) 08/01/13

 

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21 décembre 2012 5 21 /12 /décembre /2012 21:55

Découvert dans ma revue de presse. Hurler devant tant de conneries dites et écrites sur la PMA, la GPA. Figurez vous que certaines "pseudo-féministes de m..." osent dire que la gestation pour autrui n'a rien à voir avec l'infertilité. Qu'elles aillent expliquer ça aux femmes qui ont subli une ablation de l'utérus suite à un cancer ou souffrent des séquelles du distilbène. Des conneries dites encore une fois par des gens qui semblent bien peu connaître la réalité de l'infertilité et de la PMA.

Bien sûr, à titre personnel, je suis pour l'autorisation (très) encadrée de la gestation pour autrui, mais pour raisons médicales seulement. Tout comme l'accès à la PMA doit être permis (et remboursé en France) à mon avis pour raisons médicales seulement. Ce qui ne m'empêche pas d'être pour le mariage pour tous, de trouver très bien que les homos puissent se marier et continuent à avoir des enfants (qui n'ont rien à envier aux enfants d'hétéros) à 3 ou à 4 (2 pères et 2 mères c'est deux fois plus d'amour non ?), comme ils le font déjà souvent. Ou qu'ils adoptent même s'il est vrai que changer la loi en France ne changera pas la loi dans les pays où on adopte. Et d'ailleurs pourquoi on autoriserait la PMA pour les femmes homo et pas pour les hommes, où est l'égalité là ?

Bref pour moi, l'accès à la PMA doit être réservé aux causes d'infertilité médicale. Et pas sociétale. Tout comme la GPA ne doit pas être tolérée pour les femmes n'ayant aucun problème mais n'ayant juste pas envie de s'enrober temporairement. Ou voulant un enfant à 60 ans. C'est mon avis et il est réfléchi. Même s'il peut ne pas plaire. Mais ce n'est pas un avis égoïste, considérant que la PMA en France est déjà très mal gérée et que si elle était ouverte aux homos, cela serait pire vu le manque de moyens, de personnel etc. D'ailleurs, par exemple, malgré mon âge "avancé", je suis d'accord avec le fait qu'il faille fixer une limite d'âge pour l'accès à la PMA (pour les femmes ET les hommes) même si le 43 ans actuel me parait un peu sous-évalué au vu de l'évolution de la société et de l'état de santé et de la longévité des populations qui ne cesse d'augmenter.

 

 

Premier round...

Où l'on apprend donc que la GPA n'a rien à voir avec l'infertilité...

Le "mariage pour tous" doit s'ouvrir à la procréation médicalement assistée

LE MONDE | 11.12.2012 à 17h46 • Mis à jour le 12.12.2012 à 10h17 Par Yvette Roudy, Thalia Breton, Carine Delahaie, Carine Favier, Amandine Miguel, Catherine Morin Le Sech, Sabine Salmon, Olga Trotiansky.

 

François Hollande s'était engagé, lors de la campagne présidentielle, à mettre en oeuvre une grande réforme d'ici au printemps 2013, visant à assurer l'égalité des droits entre toutes et tous, quelle que soit l'orientation sexuelle. 

Se déroule en ce moment même la phase des auditions sur le projet de loi, qui sera présenté le 29 janvier 2013 à l'Assemblée nationale.

En la matière, différentes déclarations du gouvernement arguant que l'élargissement de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de lesbiennes ne faisait pas partie du projet de loi sont consternantes.

 

LA PMA A ÉTÉ RETIRÉE DU PROJET

 

Lors du meeting organisé par les associations LGBT le 31 mars, Najat Vallaud-Belkacem, alors représentante du candidat Hollande, s'était engagée bien au-delà du mariage et de l'adoption pour les couples de même sexe, en déclarant alors que " reconnaître l'homoparentalité va supposer plusieurs réformes ", parmi lesquelles : " Ouvrir l'assistance médicale à la procréation avec donneur anonyme à tous les couples, sans discrimination ". Elle ajoutait : " François Hollande a pris l'engagement que l'ensemble de ces réformes aboutissent d'ici le printemps 2013 (...), le projet de loi est déjà prêt, il est sur la table. "

Or la PMA a été retirée du projet de loi présenté en conseil des ministres, le 7 novembre. Aujourd'hui, seuls les couples hétérosexuels y ont accès, alors qu'elle est pourtant déjà le mode d'accès le plus fréquent à la parentalité pour les couples de femmes.

Ne pas leur étendre ce droit constitue une discrimination et contraint les femmes à pratiquer la PMA à l'étranger.

 

"LOCATION DES VENTRES"

 

Féministes et lesbiennes féministes engagées pour l'égalité des droits, nous pouvons témoigner que la société est prête pour la reconnaissance des familles homoparentales. Aucun argument valable, ni éthique ni politique, ne se dresse contre la reconnaissance de la PMA pour les couples de lesbiennes.

Nous ne pouvons accepter, comme nous le constatons aujourd'hui, que pour écarter la PMA soient utilisés les fallacieux amalgames entre PMA et GPA (gestation pour autrui ou "mères porteuses").

 

GPA N'EST PAS UNE "PMA POUR GAYS"

 

PMA et GPA ne sont pas le pendant l'une de l'autre, ou, comme certains se plaisent à le dire, la GPA n'est pas une "PMA pour gays". La GPA n'est pas une forme de procréation médicalement assistée : les lobbies pro-GPA entretiennent cette confusion à dessein.

Si l'insémination artificielle et la fécondation in vitro relèvent de la PMA, ce n'est pas le cas de la GPA qui correspond à une industrie de "location des ventres" et de commerce d'ovocytes. La GPA donne la possibilité aux hommes de disposer du corps des femmes pour satisfaire un "droit à l'enfant" que nous récusons.

Parce que la demande fait l'offre, la GPA est aussi une question économique, au centre de toutes les inégalités : domination des hommes sur les femmes, des riches sur les pauvres, des pays du Nord sur les pays du Sud.

Comment un gouvernement progressiste pourrait-il cautionner la création d'un marché des ventres au nom d'un "droit à l'enfant" qui n'existe pas et qui ne doit pas exister ?

PMA et GPA ne relèvent donc pas de la même logique. Il est tout à fait possible d'autoriser l'une sans accorder l'autre. La liberté ne peut être synonyme de progrès que si elle garantit l'égalité avec la même force : ce que permet la PMA, ce qu'empêche la GPA.

La première relève de l'égalité des droits entre les couples ; la seconde implique la marchandisation du corps des femmes et ne saurait constituer une réponse à un désir d'enfant.

Le rôle du gouvernement n'est pas d'éviter ces débats, mais de les porter pour bâtir une société faite de liberté et d'égalité pour toutes et tous. Le gouvernement doit maintenant faire preuve de courage en élargissant la PMA aux couples de femmes et en confirmant l'interdiction de la GPA.

 

Yvette Roudy, Thalia Breton, Carine Delahaie, Carine Favier, Amandine Miguel, Catherine Morin Le Sech, Sabine Salmon, Olga Trotiansky

Thalia Breton, porte-parole d'Osez le féminisme ! ; Carine Favier, présidente du Planning familial ; Yvette Roudy, ex-ministre des droits de la femme et fondatrice de l'Assemblée des femmes

Yvette Roudy, ancienne ministre des droits de la femme et fondatrice et présidente d'honneur de l'Assemblée des femmes ; Thalia Breton, porte-parole d'Osez le féminisme ! ; Carine Delahaie, rédactrice en chef de Clara Magazine ; Carine Favier, présidente du Planning familial ; Amandine Miguel, membre du Conseil d'administration d'Osez le féminisme ! ; Catherine Morin Le Sech, coprésidente de la Coordination lesbienne en France ; Sabine Salmon, présidente de Femmes solidaires; Olga Trotiansky, coordination française du Lobby européen des femmes.

 

 

Second round: Elisabeth Badinter qui souhaite que les enfants nés par GPA à l'étranger soient reconnus. Mais dit quelques conneries malgré tout !

Mariage pour tous : la Gestation pour autrui ne doit pas être le bouc émissaire

LE MONDE | 19.12.2012 à 14h13 • Mis à jour le 19.12.2012 à 14h15 Par Elisabeth Badinter, philosophe Irène Théry, sociologue, EHESS

 

Dans une tribune (Le Monde du 12 décembre), un groupe de personnes se réclamant du féminisme a pris le parti de diviser les couples homosexuels et de désigner des boucs émissaires en opposant gestation pour autrui (GPA) et procréation médicalement assistée (PMA). Selon elles, la GPA n'aurait rien à voir avec l'infertilité et serait au centre de la domination des hommes sur les femmes, des riches sur les pauvres, et son évocation serait responsable de la frilosité supposée du gouvernement à légaliser l'accès des couples de femmes à la PMA.

 

Pourquoi tant d'amalgames alors que nul ne demande que la légalisation de la GPA en France soit inscrite dans le projet de loi ? La GPA est une pratique reconnue comme partie intégrante de la PMA par l'Organisation mondiale de la santé. Elle mérite à l'avenir un débat informé et serein. Ce débat devra dénoncer avec force tous les cas où des femmes sans droits, poussées par le besoin dans les griffes d'intermédiaires sans scrupules, sont privées de leur pouvoir de décision et interdites de toute relation avec les couples pour lesquels elles portent un enfant.

Mais ce débat devra aussi permettre une analyse approfondie des pratiques dans les pays où le cadre légal de la GPA repose sur le respect des valeurs et des droits fondamentaux. Il devra faire connaître à nos concitoyens la réalité de ces GPA éthiques qui sont aussi contraires à la marchandisation des femmes que l'adoption est contraire aux enlèvements d'enfants, et le don d'organes au trafic d'organes.

Ce débat fera découvrir à ceux qui les ignorent tous ces cas où les gestatrices, leur mari et leurs enfants partagent avec le couple des futurs parents une aventure humaine non seulement respectueuse des droits, mais créatrice de relations intenses. Il fera comprendre pourquoi l'une de ces gestatrices, interrogée récemment à Paris, a pu dire : "A part ma propre famille, rien ne m'a autant valorisée dans ma vie."

 

Petits fantômes

Mais la question pour laquelle nous nous mobilisons, c'est l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de même sexe et celle de la PMA aux couples de femmes. Cette avancée législative devrait permettre à toutes les unions et familles d'accéder à une reconnaissance et à une sécurisation que les institutions refusent aux couples de même sexe. Dans ce cadre, les enfants pourront avoir leur second parent enfin légalement reconnu.

Là aussi, nous n'accepterons pas que la GPA soit le bouc émissaire pour continuer à discriminer des enfants. C'est pourquoi nous demandons que la filiation des enfants nés par GPA à l'étranger soit légalement reconnue. Aujourd'hui, ces enfants sont les petits fantômes de notre République alors que leurs parents sont français. Combien de temps va-t-on continuer à refuser l'état civil à certains enfants à cause de leur origine procréative ? La France ne saurait accorder plus ou moins de droits à un enfant en fonction de son mode de conception.

 

Autres signataires : Geneviève Delaisi de Parseval, psychanalyste ; Maurice Godelier, anthropologue, médaille d'or du CNRS ; Martine Gross, sociologue, CNRS ; Sylvie et Dominique Mennesson, coprésidents de l'association Clara (Comité de soutien pour la légalisation de la GPA et l'Aide à la reproduction assistée) ; Israël Nisand, gynécologue obstétricien, professeur des universités ; Serge Portelli, magistrat, vice-président du Tribunal de Paris ; Hervé Lancelin et Alexandre Urwicz, coprésidents de l'ADFH (Association des familles homoparentales)

 

Elisabeth Badinter, philosophe Irène Théry, sociologue, EHESS

 

 

Elisabeth Badinter souhaite une reconnaissance légale des enfants nés à l'étranger par GPA

Revue de presse Genéthique

 

Dans une tribune publiée dans le quotidien Le Monde par la philosophe Elisabeth Badinter et co-signée par la sociologue Irène Théry, les deux femmes "demand[ent] que la filiation des enfants nés par GPA [gestation pour autrui] à l'étranger soit légalement reconnue".

Elles précisent que "la GPA est une pratique reconnue comme partie intégrante de la PMA (procréation médicalement assistée) par l'Organisation mondiale de la santé" et "mérite à l'avenir un débat informé et serein". Pour la philosophe et la sociologue, il n'est pas "accept[able] que la GPA soit le bouc émissaire pour continuer à discriminer des enfants" qui "sont les petits fantômes de notre République alors que leurs parents sont français". Elles ajoutent: "combien de temps va-t-on continuer à refuser l'état civil à certains enfants à cause de leur origine procréative? La France ne saurait accorder plus ou moins de droits à un enfant en fonction de son mode de conception".

 

Sources : Le Monde (Elisabeth Badinter - Irène Théry) 20/12/12 - AFP 19/12/12 - Le Point.fr 19/12/12

 

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20 décembre 2012 4 20 /12 /décembre /2012 11:31

Autoconservation d'ovocytes pour convenance personnelle ? Peut être mais au prix d'une ponction et d'une décision qui n'est pas anodine tout de même et pas garantie de succès ultérieur. Mais la question de la PMA pour raisons médicales ou pour raisons personnelles se pose, notamment avec le débat actuel sur la PMA pour les homosexuelles (les homo hommes eux ils font comment, c'est pas très équitable ça non ?). Et au fait, pourquoi les hommes ont le droit, eux, de conserver leur sperme sans raisons médicales ? Egalité pour tous, c'est ça hein ? Mouais !

 

France: l'autoconservation d'ovocytes pourrait "bousculer l'équilibre bioéthique" actuellement existant

Genethique / Slate.fr

 

Alors que le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) s'est récemment déclaré favorable à l'autoconservation des ovocytes, par les femmes, pour des raisons de convenances personnelles, le journaliste Jean-Yves Nau s'interroge sur Slate.fr et précise qu' "une telle possibilité viendrait immanquablement bousculer l'équilibre bioéthique qui prévaut actuellement en France". 
Jean-Yves Nau explique ainsi qu'alors que "cet équilibre est fondé sur le strict usage thérapeutique des techniques de procréation médicalement assistée; et ce au bénéfice de couples 'composés d'un homme et d'une femme en âge de procréer' ", autoriser l'autoconservation des ovocytes "ouvre une brèche dans cet logique". En effet, cela "risque[rait] notamment d'encourager les grossesses tardives avec les conséquences médicales négatives connues pour les mères et les enfants après 40 ans et plus encore 45 ans". A cette question de la fixation d'un âge limite, et tout en se déclarant favorables à la pratique de l'autoconservation des ovocytes, les gynécologues précisent qu' "il ne serait pas raisonnable de ne pas fixer de limite en raison de l'augmentation importante des risques obstéricaux liés à l'augmentation de l'âge maternel". 
S'interrogeant ensuite sur la question du financement de cette pratique, Jean-Yves Nau se demande si "l'obtention de ces grossesses décalées dans le temps pour des convenances personnelles seront [...] prises en charge en totalité par la collectivité  comme celles obtenues après constatation de la stérilité du couple?". Car pour le journaliste, "c'est bien la 'convenance personnelle' qui apparaît comme la question nouvelle et centrale". Ainsi, il termine sur une interrogation: cette possibilité offerte aux femmes, et qui n'est pas sans soulever des problèmes éthiques, "sera-t-elle également en France, une première étape irréversible dans l'usage non médical de techniques jusqu'ici destinées à traiter des stérilités?".

Sources :  Slate.fr (Jean-Yves Nau) 14/12/12

 

« Pourquoi les femmes ne mettraient pas leurs ovules de côté ? »

Le Parisien , Le Nouvel Observateur

 

Le Parisien évoque un avis que vient d’émettre le Collège national des gynécologues et obstétriciens français, qui, « s’il était repris et entériné par le législateur, pourrait révolutionner la maternité des Françaises ». Le journal relève en effet que « le CNGOF est favorable à ce que toutes les femmes puissent conserver leurs ovules par la méthode de la «vitrification ovocytaire» à un âge relativement jeune pour envisager une grossesse plus tard ».

Le Parisien explique que « toutes les études le montrent : les Françaises deviennent mères de plus en plus tard. Celle publiée ce matin par l’Institut national d’études démographiques précise que l’âge moyen auquel les Françaises deviennent mères a reculé de 4 ans depuis le milieu des années 1970, passant de 24 ans à plus de 28 ans ».

« La durée des études, mais aussi la difficulté à concilier vie professionnelle et vie familiale expliquent ce phénomène. Mais il y a un âge qui ne change pas : c’est 35 ans, l’âge à partir duquel la fertilité décline chez les femmes », note le quotidien.

Le journal précise que « ce que le CNGOF propose, c’est que toutes les femmes, sans raison médicale obligatoire, puissent «réserver» leurs ovocytes alors qu’elles sont en plein âge de fertilité, en vue d’une grossesse ultérieure, lorsqu’elles seront plus disposées socialement à devenir mères, mais biologiquement dans des conditions moins favorables ».

Le Pr Bernard Hédon, président du CNGOF, observe ainsi que « la conservation d’ovocytes est jusqu’à présent autorisée, mais uniquement pour des raisons médicales. Par exemple, une femme qui va subir un traitement stérilisant peut y recourir avant. […] Féconder in vitro puis réimplanter leurs propres ovocytes, plus jeunes donc de meilleure qualité, permettrait de réduire les traitements contre l’infertilité et minimiser les risques de complications au cours de la grossesse », rappelant que « les hommes, eux, peuvent conserver leur sperme sans raison médicale ».

Le Parisien relève que le spécialiste « convient toutefois que cette autoconservation devrait être «encadrée» et ne pas encourager les grossesses tardives, au-delà de 50 ans, qui engendrent eux aussi des risques accrus. En attendant que le législateur se saisisse du sujet, […] le CNGOF a saisi Comité national d’éthique ».

Le Nouvel Observateur aborde également cette étude l’Ined, retenant que « si les femmes ont leur premier enfant à 28 ans, c'est avant tout lié à l'allongement de la durée des études. Ce phénomène constaté dans le monde est plus marqué en France ».

Le magazine note ainsi que « selon l’Ined, «l’allongement des études représente près de 80% du recul de l’âge de la maternité». En Grande-Bretagne, cette explication ne serait valable que dans 57% des cas. Le Pr François Olivennes, gynécologue-obstétricien à Paris, refuse malgré tout de considérer que le retard de la 1ère maternité est un phénomène inéluctable », le praticien déclarant : « Je pense vraiment que les pouvoirs publics devraient faire des campagnes d’information sur les risques des maternités tardives ».

Le Nouvel Observateur ajoute que « les femmes doivent avoir à l’esprit qu’à partir de 35 ans, la fertilité chute. […] Le deuxième message très important, selon le Pr Olivennes, c’est que «pour faire face au vieillissement des ovocytes, la médecine est très peu armée. La fécondation in vitro n’est pas la solution miracle. Le 1er facteur limitant des résultats d’une FIV, c’est l’âge de la mère.» A 38 ans, seulement la moitié des femmes ayant eu une FIV mèneront leur grossesse à terme ».

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