Happy end
Je me l'étais promis: venir écrire la conclusion de ce blog sur lequel je ne suis plus très présente. Venir témoigner du résultat de ces 6 ans et quelques de PMA.
Ce The End est un Happy End, si cela peut donner espoir à celles et ceux qui tomberont sur ce blog avec des infertilités similaires (âge pas tout jeune, utérus distilbene, orchidectomie post-cancer du testicule...). Notre fille est née il y a trois jours, elle est en pleine forme et un vrai coeur à croquer !
Tout a commencé le 25 octobre 2016, enfin non, en fait en septembre 2015 (d'où le prénom de notre fille qui signifie "née deux fois") : 1ere FIV-DD (double don sperme et ovocytes) à Barcelone chez IVI (après 4 ICSI de couple en France avec plus d'une dizaine d'embryons puis 2 IAD en Espagne sans jamais d'accroche).
1ere FIV-DD: 5 embryons obtenus, les 2 premiers implantés à l'automne 2015 sans succès. Suite à cet échec, IVI nous conseille d'envisager une action sur l'utérus, probable facteur limitant pour une accroche voire une grossesse. On me répète depuis toujours que mon utérus est certes petit et en T mais compatible avec une grossesse même si celle ci sera sans doute alitée et à risque de fausse-couche tardive. Le spécialiste d'IVI confirme l'intérêt potentiel (et dernier recours) d'une hystéroplastie d'agrandissement (on racle les côtés pour atténuer la cavité en forme de T et en faire quelque chose s'approchant du triangle habituel). Appel d'IVI confirmant cela le 24 décembre 2015: Joyeux Noël ! Après acceptation de l'idée de passer par la case "chirurgie esthétique de l'utérus" (on ironise comme on peut), on trouve un chirurgien spécialiste de ce type d'opérations à Paris (nous habitons le sud de la France). Rdv(s) pris en mars 2016, hystéroscopie effectuée chez la spécialiste (parisienne aussi et qui fait des hysteros en douceur), verdict consensuel des trois médecins (Dr D, Dr T, Dr L - les initiés reconnaitront, les autres n'hésitez pas à demander en MP) : l'opération est indiquée et peut apporter des chances supplémentaires. Intervention qui sera faite (avec une bonne crise de panique lors de l'admission à la clinique mais finalement de main de maitre quasi sans suites post-opératoires ni douleurs) en mai 2016. Contrôle de la cicatrisation et de l'amélioration de la cavité (un utérus devenu tout rose et de taille presque normale: bingo !) en juillet. Transfert après vacances, déplacements et diverses autres priorités le 25 octobre 2016. Suivront la première pds positive de ma vie le 3 novembre, et un accouchement le 5 juillet 2017 après une grossesse physiquement sans souci majeur et en trottant presque allégrement jusqu'à la fin. Et surtout notre trésor est enfin là!
Au delà de cette histoire qui finit bien (nous avons finalement réussi, nous sommes toujours ensemble malgré les difficultés et ces années de galère...), voici quelques enseignements qui pourront peut-être servir à d'autres:
- Consulter asap les meilleurs spécialistes malgré les difficultés logistiques, le coût, les délais. On a "perdu" 6 ans à tenter des demi-mesures sans avoir de véritables avis d'experts...
- Ne pas se décourager - facile à dire quand on a fini par réussir - mais sutout savoir jusqu'où on veut/peut aller. Je crois que j'étais prête à tout envoyer valser, tout larguer, partir vivre ailleurs (un autre rêve).
- Lâcher prise : je m'étais presque convaincue que si ça ne marchait pas, c'était presque mieux. Et que je pourrai enfin passer à autre chose. Et que ça pourrait peut-être être bien. Aurais je vraiment arrêté la si cette tentative n'avait pas marché ? Je ne le saurais jamais...
- Ne pas croire aux "signes" : cet essai gagnant a débuté dans les pires conditions: ambiance électrique dans le couple, erreur de la clinique (2 embryons dévitrifiés au lieu d'un comme on avait demandé) au moment où on arrive pour le transfert donc transfert dans le stress... je suis d'ailleurs allée faire ma pds en scooter et seule tellement je n'y croyais pas. Et quand on a vu le chiffre (à 3 chiffres), on était plus qu'incrédule...
- Aller au delà du rationnel: quelques mois avant le transfert gagnant, je suis allée faire de la randonnée dans les Pyrénées. Le chemin menait à une petite station de ski familiale accolée à un couvent. On nous y apprend qu'une des chapelles est dédiée à la fertilité et que des générations de femmes sont venues ici pour un étrange rituel: mettre sa tête dans une sorte de boite en bois pendant que quelqu'un à côté sonne une cloche. Je suis athée et rationnelle mais je l'ai fait.. Tout comme j'ai mis une pièce dans un mur de pierres sur une ile irlandaise, caressé une chouette à Dijon... Comme disait ma mère, ça ne mange pas de pain...
- Se dire que quand ça doit arriver, cela arrive: le jour du retour de Barcelone, j'ai appris une terrible nouvelle et vis depuis le deuil (décès 2 mois plus tard) d'une des personnes qui comptait le plus pour moi. Elle était si heureuse que cela ait marché mais ne connaitra pas ma puce. Ma puce qui elle a connu sa maman de nombreuses semaines en larmes et encore aujourd'hui 6 mois plus tard. Se dire que quand la vie et un de ces petits bouts veut s'accrocher, il s'accroche contre vents et marées. C'est peut-être ça la leçon de la vie...